Assise sur le rebord du plateau qu’entame le rû d’Autheuil, affluent de l’Ourcq, Saint-Martin est un édifice composite à la silhouette tourmentée et pittoresque qui intrigue par la curieuse disposition de sa façade, vestige d’une nef unique du milieu du 12ème siècle. Sa partie centrale forme en effet une saillie dont la largeur, d’abord dictée par le portail qu’elle inscrit, se rétrécit ensuite pour se prolonger jusqu’au pignon qu’elle devait certainement dépasser à l’origine. C’est, du moins, ce que l’on peut déduire de la présence de deux puissants contreforts au revers de la façade, qui suggèrent l’existence initiale d’une petite tour ou d’un clocher arcade. Une minuscule voûte d’ogives, difficile à dater avec certitude, s’inscrit entre les deux contreforts, au-dessus de la fenêtre. Restauré avec soin et respect des éléments anciens, le portail en plein cintre doté de fines colonnettes en délit reste admirable par la très belle qualité de son décor sculpté.
Durant le dernier quart du 12ème siècle, l’édifice se pare d’un bel ensemble oriental comprenant, comme à Bouillancy, un transept avec chapelle sur chacun des croisillons et une abside à sept pans. Les reconstructions ultérieures n’en laisseront subsister que l’arcade de communication avec la nef et ses chapiteaux à crochets, le croisillon nord et l’enveloppe de l’abside.
C’est à l’époque d’Henri II, comme en témoigne une clef de voûte avec écusson armorié dans le bas-côté nord, que l’édifice acquiert le visage qu’il présente aujourd’hui. La nef est alors largement reprise en sous-oeuvre – la belle corniche du 12ème siècle est toujours visible depuis le bas-côté sud – et une grosse tour est construite sur la première travée du bas-côté nord. L’ensemble, de style Renaissance avec ses chapiteaux à décor dorique ou ionique, n’a pas été achevé puisque ni la nef ni le bas-côté sud n’ont été voûtés et le clocher paraît trop trapu. C’est peu avant qu’étaient intervenues d’importantes réparations aux parties orientales : croisée du transept, croisillon sud, revoûtement de l’abside (1997, modifié 2019).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Betz, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1851.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Betz. Valois, Multien et Vallée de l’Ourcq, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Pays de Valois, 1997, in-8° de 36 p., p. 8 (voir texte ci-dessus).
- Morgan HINARD, Maxime CHARTIER, Jean-Marc POPINEAU, Marie RAIMOND, Autheuil-en-Valois. Moines de Cluny et chevaliers entre Ourcq et forêt de Retz, Histoire, Archéologie et Territoires N°5, Aquilon, 2021, 168 p.