Desservie, jusqu’à la Révolution, par une communauté monastique dépendant, sous le nom de Chambrerie, de l’abbaye Saint-Crépin le Grand de Soissons, l’église Saint-Pierre est un édifice complexe, maintes fois remanié et restauré.
D’une première construction, réalisée vers 1140 en même temps que l’église de la paroisse voisine de Saint-Martin, restent les bas-côtés de la nef et le choeur. Les bas-côtés de la nef sont couverts de voûtes d’ogives fortement bombées qui, malgré les consoles qui les reçoivent, n’ont pas été montées après coup car les tailloirs des piles sont homogènes. Le profil en amande des ogives, qui ne permet pas de vieillir ces voûtes au-delà des années 1140, sera adopté peu après à la cathédrale de Senlis. Le vaisseau central, en partie reconstruit à la fin du 19ème siècle, n’a plus aucun intérêt. Les arcades en plein cintre de ses cinq travées sont reçues sur des piles rectangulaires par l’intermédiaire d’une imposte simplement moulurée et comportent un dosseret vers le bas côté. La moulure qui les soulignent est une invention du 19ème siècle.
Le choeur comprenait à l’origine deux travées droites voûtées en berceau brisé et une abside en hémicycle couverte d’un cul-de-four. L’arc triomphal est décoré de bâtons brisés. La travée située en avant, annexée au choeur après son voûtement à la fin du 12ème siècle, correspondait sans doute initialement à un transept bas ou, comme à Saint-Martin, à un clocher bâti au flanc de l’édifice. Les chapiteaux à feuilles plates, tiges enroulées ou feuilles d’acanthe recevant les doubleaux de la voûte en berceau brisé ou associés à la petite arcade s’ouvrant au nord de la première travée sont de bonne qualité.
De nouveaux travaux vont profondément altérer la physionomie de l’église à la fin du 12ème/début 13ème siècle : édification d’une chapelle à chevet polygonal au sud du choeur et d’une autre au nord, terminée carrément et surmontée d’un étage partiellement conservé et accessible depuis la chambrerie voisine; allongement d’une travée de la nef vers l’ouest, et enfin, comme on l’a vu, modification de l’ancienne croisée du transept, annexée ainsi au choeur.
Excepté le porche, plaqué contre la façade au 14ème siècle et masquant un élégant portail à colonnettes construit lors de l’allongement de la nef, il faut attendre le 16ème siècle – si l’on excepte les restaurations du 19ème siècle – pour voir l’église acquérir son visage définitif : construction d’une chapelle au sud de la nef et, surtout, d’un clocher à l’angle sud-ouest de la façade. Commencé en 1520 comme l’atteste une inscription conservée sur son soubassement, il se signale par sa haute flèche octogonale flanquée de quatre pinacles, assise sur un tambour de même forme. Une flèche semblable se retrouve à Taillefontaine, dans l’Aisne, oeuvre sans doute du même architecte.
Au milieu du 19ème siècle, une communauté de Bénédictins venue de l’abbaye de la Pierre qui Vire, près de Saulieu, s’installe dans les bâtiments de la Chambrerie. On doit à Dom Maur Delalevée, architecte de la Pierre qui Vire, la construction de la chapelle actuelle qui, malgré son plan en forme de croix grecque, s’inspire de l’architecture romane cistercienne (1996, modifié 2015).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Crépy-en-Valois, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1843.
- Eugène LEFEVRE-PONTALIS, L’Architecture religieuse dans l’ancien diocèse de Soissons au XIe et au XIIe siècle, tome II, Paris, 1897, p.18-22 et planche hors texte.
- Chanoine Eugène MÜLLER, "Courses archéologiques autour de Compiègne", Bulletin de la Société Historique de Compiègne, t. 11, 1904, p. 242-247.
- Anne PRACHE, Ile-de-France romane, Zodiaque, La nuit des temps 60, 1983, p. 175.
- Philippe BONNET-LABORDERIE, La vallée de l'Automne, Groupe d’Etudes des Monuments et Oeuvres d’art de l'Oise et du Beauvaisis (GEMOB), Promenades VII - Tome 1, Bulletin n° 64, 1994, p. 14-16.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Crépy-en-Valois. Les 35 Clochers de la Vallée de l’Automne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et S.E.P. Valois-Développement, 1996, in-8° de 56 p., p. 11-12 (voir texte ci-dessus).
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises dans le Nord de la France, Ernst A. Chemnitz/Cap Régions Editions, 2013, p. 93-95.