Occupant une situation dominante sur le flanc oriental de la butte où s’élevait jadis la forteresse médiévale, Saint-Jean-Baptiste constitue un magnifique exemple d’architecture gothique tardive. Eglise paroissiale, elle a été bâtie à partir de la fin des années 1520 pour répondre aux besoins d’une population croissante, qui ne pouvait plus se suffire de l’ancienne église Notre-Dame, au sommet de la butte, trop petite et d’un accès difficile. François de Bourbon, comte de Chaumont, son frère cadet Louis, abbé de Saint-Denis et Jean Le Bossu, prieur de Saint-Pierre, interviennent directement dans la construction de l’édifice, confiée au talent de Nicolas Jouette, présent auparavant sur le chantier de Saint-Gervais-Saint-Protais de Gisors aux côtés de Robert Grappin. Les travaux démarrent par le chevet vers 1528 et procèdent vers l’ouest. La façade nord et la chapelle attenante sont terminées en 1539 et la consécration de l’édifice intervient en 1554. A cette date la façade ouest reste à construire et la tour sud, seule, sera achevée à la fin du 16ème ou au début du 17ème siècle.
D’une belle ampleur, le plan de l’édifice comprend un chœur de tracé polygonal avec bas-côtés et déambulatoire, un transept saillant et une courte nef de trois travées, avec bas-côtés. Plusieurs particularités méritent d’être notées, toutes dues au caractère contraignant du site : un terrain exiguë et en forte pente. C’est d’abord l’absence, peu courante, de chapelles rayonnantes autour du déambulatoire ; c’est ensuite l’ouverture de l’entrée principale de l’église dans la façade du bras nord du transept, face à la colline et à l’accès qui conduit au château ; c’est enfin le fort désaxement d’un plan où l’axe longitudinal et celui du transept ne sont pas perpendiculaires.
A l’intérieur, l’église est remarquable par son espace très ouvert, totalement unifié, grâce à des arcades larges et hautes (elles représentent près des deux tiers de l’élévation totale), retombant sur des piles minces : bas-côtés et déambulatoire sont ainsi visuellement annexés au vaisseau central. La structure de l’édifice se réclame encore de l’architecture gothique des 13ème et 14ème siècles, notamment dans les piles, composées de nombreuses colonnes et colonnettes et couronnées de chapiteaux formant frise, au décor de rinceaux de feuillages parfois mélangés de masques ou de têtes d’anges. Le dessin des voûtes, avec liernes et tiercerons (associés à la croisée d’ogives dans le vaisseau central ; utilisés seuls dans les bas-côtés et le déambulatoire), leur profil prismatique et le réseau des fenêtres sont bien la marque, en revanche, de l’architecture gothique tardive.
A l’extérieur, l’attention se portera sur la façade nord du transept, magnifique composition flamboyante dont les similitudes avec celle de Gisors, due à Robert Grappin, ont maintes fois été notées. Flanquée à l’angle oriental d’une importante tourelle d’escalier au riche décor, la façade superpose un important portail couronné d’un gâble, une rose et un mur pignon autrefois décoré de statues. Deux balustrades richement ouvragées séparent les étages. Le tympan du portail vient curieusement apporter une touche Renaissance au milieu de ce foisonnant décor gothique, totalement abandonné à la tour occidentale, plus tardive et qui se réclame totalement du vocabulaire ornemental de la Renaissance.
L’église conserve de remarquables stalles réalisées par Arnoulet Samyon entre 1507 et 1515 et provenant de Gisors. Les vitraux du 16ème siècle ont été largement repris et complétés à la fin du 19ème siècle par les ateliers Roussel et Koch, de Beauvais (2003).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Chaumont, Oise, Beauvais, Achille Desjardins, 1827.
- Jean-Baptiste FRION, Nouveau précis statistique sur le canton de Chaumont, Beauvais, Achille Desjardins, 1859.
- Louis REGNIER, "Monographie de l'église de Chaumont-en-Vexin", Mémoires de la Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de Pontoise et du Vexin, t. 14, 1892, p. 71-99. Reprise dans Louis REGNIER, Statistique monumentale du canton de Chaumont-en-Vexin, II. Eglise de Chaumont, Beauvais-Paris, 1891.
- Louis REGNIER et J. LE BRET, "Epigraphie du canton de Chaumont-en-Vexin", Mémoires de la Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts du Département de l'Oise, t. 15, 1892-1894, p. 189-207.
- Monique RIVOIRE, « Les églises flamboyantes du Vexin français », Paris et Ile-de-France, Mémoires, t.10, 1959, p. 21-116.
- Claudine LAUTIER et Maryse BIDEAULT, Ile-de-France gothique, Paris, 1987, p. 164-169.
- Bernard DUHAMEL, Guide des églises du Vexin français, Paris, 1988, p. 92-95.
- Etienne HAMON, « La construction de l’église Saint-Jean-Baptiste de Chaumont-en-Vexin au début du 16ème siècle : environnement, historique, commanditaires et maître d’œuvre », Groupe d’Etude des Monuments et Oeuvres d’art de l’Oise et du Beauvaisis (GEMOB), Bulletin n°69, 1995, p. 2-21.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Chaumont-en-Vexin. Vexin et Pays de Thelle, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Vexin-Thelle, 2003, in-8° de 56 p., p. 15-17 (voir texte ci-dessus).