A proximité d’une grange dimière en partie ruinée qui appartenait autrefois à l’Hôtel-Dieu de Mello, Saint-Martin vaut surtout par sa nef du 13ème siècle, dont les qualités architecturales sont au diapason des meilleures réalisations de la région creilloise : Mello, Montataire, Creil, Nogent-sur-Oise, Villers-Saint-Paul…
Les parties les plus anciennes sont constituées par le choeur et le transept, qui remontent aux années 1170 mais ont été considérablement dénaturées ensuite par diverses modifications ou réparations. On peut néanmoins reconstituer une croisée flanquée de deux bras de transept, de plan parfaitement carré et de mêmes dimensions, prolongés à l’est par un choeur et deux chapelles peu profondes, terminés tous trois par un mur droit. Ce plan n’est pas sans rappeler celui que présentaient initialement les parties orientales et contemporaines d’Angicourt.
Seul le croisillon nord a gardé une physionomie authentique. Sa voûte d’ogives retombe sur des chapiteaux décorés principalement de feuilles lisses, comme il est souvent d’usage à l’époque. La fenêtre qui s’ouvre au nord a toutefois été refaite à la fin du 13ème siècle, comme celle de la chapelle attenante, de plan trapézoïdal. Les autres parties n’ont plus leurs voûtes en pierre et les ouvertures sont toutes de styles différents : flamboyant au croisillon sud, renaissance à la chapelle contiguë et du 18ème siècle au chevet.
D’une belle unité architecturale, la nef date des années 1230. Elle est longue de quatre travées avec bas-côtés. Sa hauteur et son élévation à trois niveaux lui confèrent un caractère monumental réel qu’atténue à peine l’enfouissement partiel des bases des piliers par suite des surhaussements successifs du sol. Le premier niveau, constitué par les grandes arcades, est remarquable par sa richesse plastique en parfait contraste avec l’étage qui le surmonte. Les piliers sont constitués d’un noyau circulaire flanqué de quatre colonnes engagées correspondant aux retombées des arcades et des arcs doubleaux de la nef et du bas-côté, bon exemple du pilier cantonné, un type de support très utilisé durant la première partie du 13ème siècle, tant dans les grandes cathédrales de ce temps (Chartres, Reims, Amiens…) que dans les constructions moins importantes (Saint-Leu d’Esserent ou Montataire, pour rester dans la proche région). Couronnant les chapiteaux à crochets, le tailloir fortement saillant reçoit les trois colonnettes associées aux ogives et à l’arc doubleau de la voûte.
L’étage intermédiaire, qui correspond aux combles du bas-côté, surprend par sa hauteur et sa nudité puisque seule une petite baie, aujourd’hui bouchée, l’ajoure en partie supérieure. Il est en parfait contraste avec l’étage des fenêtres hautes, relativement court mais totalement ouvert à l’origine. Prenant appui sur une moulure saillante, chaque fenêtre comporte un triplet de lancettes – celle du milieu plus haute – et deux écoinçons. La riche mouluration, comme les chapiteaux, adoptent une forme cylindrique. Beaucoup de ces fenêtres sont aujourd’hui partiellement ou totalement obturées.
A l’extérieur, l’église se signale par une silhouette puissante et trapue que domine avec peine un clocher ajouté à l’angle sud-ouest au 16ème siècle en réutilisant les maçonneries existantes. L’accès à l’édifice s’effectue par deux portails percés à l’ouest et au sud, auxquels le gâble profond qui les précède confère un caractère monumental certain. Percée dès l’origine, la rose qui surmonte le portail occidental a vu toutefois son remplage refait au 19ème siècle (2002, modifié 2015).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Neuilly-en-Thelle, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1842.
- Abbé Eugène MÜLLER, "Quelques notes encore sur les cantons de Creil et de Chambly", Comité Archéologique de Senlis, Comptes-rendus et Mémoires, 1897-1898, p. 204-205
- Claudine LAUTIER et Maryse BIDEAULT, Ile-de-France gothique, Paris, 1987, p. 170-175.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Neuilly-en-Thelle. Pays de Thelle et Clermontois, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Office de Tourisme de Pôle Vexin-Sablons-Thelle, 2002, in 8° de 28 p., p. 14-15 (voir texte ci-dessus).
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises dans le Nord de la France, Ernst A. Chemnitz/Cap Régions Editions, 2013, p. 76-77.