Vendue comme bien national en 1791, plusieurs fois mutilée ensuite et finalement transformée en gymnase en 1865, Saint-Pierre a connu une véritable résurrection grâce à une restauration particulièrement réussie effectuée dans les années 1990. Son origine, qui remonte sans doute à l’époque carolingienne, reste obscure. Toujours dans la dépendance de la puissante abbaye Saint-Corneille de Compiègne, l’établissement ne devint prieuré qu’à la fin du 12ème siècle et fut attribué aux Minimes – d’où le nom qui lui est resté – en 1606.
L’église remonte au 12ème siècle. Son plan comprenait une nef de trois travées avec bas-côtés (celui du sud a disparu), un transept saillant (le croisillon sud a également disparu) et un choeur à chevet plat flanqué de deux chapelles carrées, l’ensemble complètement dénaturé ou reconstruit par la suite.
Bien qu’incomplète, la nef, longue de trois travées, a belle allure. Commencée avant 1150, elle communique avec les bas-côtés par des arcades en plein cintre à doubles rouleaux reçus sur des piles cruciformes modifiées par la suite. Les parties hautes, avec leurs voûtes d’ogives, appartiennent à une seconde campagne plus tardive (vers 1160) car le plan des piles montre clairement qu’aucun voûtement n’était prévu à l’origine. Il en est de même du bas-côté subsistant, dont les voûtes d’arêtes ne remontent qu’au 17ème siècle. Contemporain des parties hautes de la nef, le transept est couvert de voûtes d’ogives identiques. Moins élevé que celle-ci, il peut être considéré comme une variante du transept bas dont il constitue un exemple assez tardif.
Les restaurations de l’église et le réaménagement de ses abords ont permis une véritable redécouverte du portail occidental (également vers 1160) qui, malgré les mutilations irréparables qu’il a subies à la Révolution, laisse encore apprécier la très grande qualité de sa sculpture et une polychromie que le temps n’a pas complètement effacée. Les voussures, inscrites dans l’épaisseur du mur de façade, retombent sur des colonnettes qui ont conservées leurs chapiteaux et encadrent un tympan où se devine la représentation d’un Christ en gloire entouré d’anges et des symboles des quatre Evangélistes et un linteau où figuraient les Apôtres (2001).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Compiègne, arrondissement de Compiègne (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1850.
- Baron de BONNAULT D’HOUËT, Congrès archéologique de France, 72ème session, Beauvais, 1905, Société française d’archéologie, Paris et Caen, 1906, p. 138-139.
- Eugène LEFEVRE-PONTALIS, "Tympan du portail des Minimes à Compiègne", Bulletin monumental, vol. 81, 1922, p. 208-209.
- Jacques PHILIPPOT, Le prieuré Saint-Pierre des Minimes de Compiègne, Compiègne, 1937, in-8° de 61 p. et 12 pl. h.-t.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Cantons de Compiègne. Vallée de l’Oise et Forêt de Compiègne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Office de Tourisme de Compiègne, 2001, in 8° de 36 p., p. 18 (voir texte ci-dessus).
- Philippe BONNET-LABORDERIE et François CALLAIS, Compiègne et son patrimoine : la ville et la forêt, Groupe d'Etude des Monuments et Oeuvres d'Art de l'Oise et du Beauvaisis (GEMOB), 2002, p. 54-55.