L’église Saint-Martin s’élève non loin du cours de la Brêche, sur sa rive droite, dans une situation légèrement dominante qui l’a mise à l’abri d’éventuelles inondations. Elle dépendait du chapitre de la cathédrale de Beauvais.
C’est un édifice d’une grande simplicité, mais d’un réel intérêt, qui juxtapose une nef unique du 11ème siècle et un chœur du 16ème siècle formé d’une simple travée droite et d’une abside à trois côtés. Il en résulte une silhouette homogène que perturbe simplement le petit clocher en charpente recouverte d’ardoises s’élevant à mi longueur.
La nef, bien conservée, est l’un des meilleurs et des plus anciens exemples parmi les nefs rurales du Beauvaisis. Les hauts murs gouttereaux sont construits en petites pierres plus ou moins carrées disposées en assises régulières. Les quatre fenêtres qui s’ouvrent dans chacun des deux murs, comme celle de la façade, sont percées très haut. Elles ne sont pas ébrasées vers l’extérieur et leur archivolte est constituée d’un grand nombre de claveaux très étroits. Il n’y avait pas de contreforts à l’origine (les six qui se voient aujourd’hui n’ont été montés que lors de la construction du chœur) et les angles étaient simplement renforcés par les pierres de taille disposées en carreaux et boutisses (alternativement dans un sens puis dans l’autre) que l’on voit toujours aux angles sud-ouest et nord-ouest de la nef.
Celle-ci a par ailleurs conservé deux portes d’origine qui témoignent des techniques de construction en usage à l’époque. La première est percée à l’ouest et constituait l’entrée principale de l’église. Un petit porche tardif la dissimule en partie mais elle reste néanmoins lisible. Deux corbeaux saillants décorés de deux cartouches rectangulaires emboités surmontent les piédroits et reçoivent un linteau en bâtière. L’ensemble est circonscrit par un arc en plein cintre constitué de nombreux claveaux étroits. Au niveau du linteau, à gauche, ces claveaux sont simplement gravés dans un gros bloc de pierre. Il en était de même à droite mais des réparations l’ont fait disparaître.
L’autre porte, plus simple, est percée au nord, juste avant le chœur. Son épais linteau est formé par deux blocs réunis par une clef et l’arc qui lui est associé n’est appareillé que dans sa partie supérieure, ses retombées latérales n’étant simplement que gravées dans le linteau.
Bâti durant la première moitié du 16ème siècle, le chœur est une construction simple et très soignée de style gothique flamboyant. Retombant sur des demi-colonnes par l’intermédiaire de chapiteaux à décor floral stylisé, ses voûtes – à la travée droite comme à l’abside – sont très bombées et renforcées par des liernes. Fréquentes dans l’architecture gothique tardive, ces nervures supplémentaires relient les clefs de la voûte au sommet des arcs qui l’encadre. Si, curieusement, la travée droite n’est percée que de deux modestes fenêtres en plein cintre, l’abside a conservé intactes ses grandes fenêtres à réseau flamboyant.
Pour ajouter à son intérêt, l’église Saint-Martin a conservé un ensemble mobilier exceptionnel, au premier rang duquel s’inscrit le retable de la Passion du Christ de la première moitié du 16ème siècle. D’une composition générale analogue à celui d’Airion, il apparaît plus recherché dans le traitement des personnages et des décors mais moins « vivant » et spontané que ce dernier. Il conserve en outre, ce qui est une véritable rareté, l’ensemble de ses six volets peints. Y sont représentées notamment la Cène, la Pentecôte, l’Ascension du Christ et des scènes de la vie d’un saint et de la Vierge.
Outre ce retable, il convient de remarquer une Vierge en majesté du 16ème siècle, un saint Martin du 17ème, un remarquable ensemble du 18ème siècle composé de boiseries, d’un lutrin et d’une grille de chœur (2020).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Saint-Just-en-Chaussée, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1835.
- Richard SCHULER, "Sur quelques retables à relief polychromes du XVIe siècle du Beauvaisis", Mémoires de la Société Académique d’Archéologie, Sciences et Arts du Département de l’Oise, t. 41, 2018, p. 70-91.