L’église Saint-Martin s’élève sur le coteau en faible pente qui forme le versant nord de la vallée de la Brèche. Sa dédicace à Saint-Martin atteste son origine très ancienne mais la construction actuelle ne date que des 16ème et 19ème siècles. La description que fait Graves de l’ancienne nef, encore debout en 1836, montre que celle-ci ne semblait pas avoir de caractéristiques remarquables. La cure dépendait de l’importante abbaye de Saint-Paul, située à l’ouest de Beauvais.
Le plan de l’édifice résulte de deux parties bien distinctes : un chœur de deux travées avec bas-côtés et abside pentagonale, du 16ème siècle, et, reprenant le plan et l’élévation du chœur, une nef de quatre travées dont la première reçoit un imposant clocher.
Les dates de 1544 et 1549 figurant à l’extérieur, au nord-est des parties hautes du bas-côté nord et de l’abside, ainsi que la date de 1560 que Graves signale à une voûte du chœur correspondent bien au style renaissance de cette partie de l’église. Elles permettent d’en attribuer la construction à Philippe ou à Louis d’Ongnies, respectivement fils et petit-fils de Gilles d’Ongnies, acquéreur de la seigneurie d’Etouy en 1492.
Les deux travées du vaisseau central sont aveugles et communiquent avec les bas-côtés par deux arcades en arc brisé qui retombent sur des piles circulaires par l’intermédiaire de très beaux chapiteaux doriques dérivés des modèles antiques que la Renaissance a remis à l’honneur. Les voûtes à liernes et tercerons (nervures additionnelles), fort bien réalisées par ailleurs, sont en lambris recouvert de plâtre et ne datent que du 19ème siècle. Il n’en est pas de même de la voûte de l’abside, qui est authentique et ne comporte pas moins de six clefs dont celle du centre accueille une tête masculine. Deux autres clefs de voûtes décorées d’armoiries bûchées se retrouvent dans le bas-côté sud. Abritant dans un enfeu les priants d’Adrien de Vuignancourt et de son épouse, cette partie du chœur était réservée au seigneur et à sa famille.
La nef et sa façade ont été bâties à partir de 1874 en briques et pierres dans le style néo-gothique flamboyant, dont elles constituent un exemple soigné à défaut d’être original. A l’intérieur, l’architecte a pris soin de conserver les proportions du chœur et d’en reprendre le même type d’arcade et de pile circulaire afin de conserver une continuité avec la partie ancienne. Les chapiteaux à crochets s’inspirent toutefois du gothique du 13ème siècle.
Bien composée avec son clocher formant porche, tel que l’affectionne l’époque, la façade, encadrée par des contreforts se prolongeant en pinacles, comporte trois portails surmontés de roses. Leur tracé comme leur décor constituent un pastiche plutôt réussi du gothique flamboyant. La sculpture du tympan du portail central rappelle, en l’honneur du saint patron de l’église, l’épisode de saint Martin sur son cheval offrant une moitié de sa cape à un pauvre devant une porte d’Amiens.
L’église a conservé, fait rare dans l’Oise, les priants d’Adrien de Vuignacourt et de son épouse, Louise de Saint-Périer, qui rentrèrent en possession de la seigneurie au début du 17ème siècle et sont morts tous les deux la même année 1628. Parmi les statues anciennes on notera un Saint-Sébastien et un Saint-Martin à cheval (2020).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Clermont, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1838.
- Ernest LAURAIN, "Epigraphie du Canton de Clermont", Bulletin et Mémoires de la Société Archéologique et Historique de Clermont-de-l’Oise, 1940-1941, p. 66-73.
- Patrick ANSAR, « Le thème du tombeau à orants dans les églises de l’Oise», Groupe d’Etudes des Monuments et œuvres d’art du Beauvaisis (GEMOB), n° 7, p. 30-31, Beauvais, 1975.