Situé aux confins de la Haute-Normandie et de la Picardie, matérialisés ici par le rebord oriental de la « boutonnière » du Pays de Bray, Gerberoy est un de ces lieux miraculeusement préservés où le temps semble s’être arrêté. Son site dominant lui a valu d’être occupé très anciennement et, si des mentions historiques font référence à l’existence d’un oppidum dès l’époque gauloise, c’est à partir de la signature du traité de Saint-Clair-sur-Epte, en 911, que l’endroit entre réellement dans l’Histoire. En fixant, en effet, au cours de l’Epte toute proche la frontière entre le royaume de France et le duché de Normandie, Gerberoy allait devenir un lieu stratégique de premier ordre. Dépendant de l’évêque de Beauvais et administré par son représentant – le vidame – Gerberoy est fortifié dès le début du 11ème siècle par Francon, premier titulaire de la fonction. On lui doit également la fondation de l’Hôtel-Dieu et de la collégiale. Plusieurs fois assiégée, prise, ruinée, reconstruite, la place forte de Gerberoy sera démantelée en 1592 et deviendra peu à peu un lieu paisible dont l’allure de petit bourg qu’il garde encore aujourd’hui témoigne de son histoire particulièrement riche.
Perchée au sommet de la butte, Saint-Pierre présente des dimensions respectables qu’explique l’important collège de chanoines qui la desservait au Moyen Age. Son plan est composé d’une vaste nef unique couverte d’une charpente du 16ème siècle, d’un transept saillant et d’un choeur à chevet plat flanqué de deux petites chapelles, également à chevet plat. La souche du clocher (l’étage du beffroi a disparu) est intégrée à l’angle sud-est et des annexes sont venues se loger des deux côtés de la nef, au 17ème ou au 18ème siècle, sans doute. Excepté ces annexes, ce plan reste largement celui de l’église du 11ème siècle. Les importantes sections de murs appareillés en arêtes de poisson conservées à la nef (au nord, surtout) et, partiellement, au transept pourraient être regardées comme les vestiges de la collégiale fondée en 1015 par Francon.
Les parties orientales (choeur et chapelles) ainsi que l’ouest de la nef et la façade sont le résultat d’une autre campagne de construction, peut-être effectuée en 1072, lorsque le collège des chanoines fut porté à vingt-cinq. Le choeur proprement dit, qui communique avec la nef par une haute arcade en plein cintre, est formé de deux travées inégales. La première, très courte, correspond exactement à la profondeur des chapelles latérales et la seconde est de plan carré. Des pilastres incitent à penser que des voûtes d’arêtes recouvraient, à l’origine, ces deux travées. Elles ont été remplacées au 13ème siècle par des voûtes d’ogives. La grande fenêtre qui s’ouvre au chevet est du 16ème siècle. Les chapelles latérales sont voûtées en berceau, mais ont subi de profonds remaniements qui, à l’image de l’église tout entière, témoignent du passé chaotique du lieu pendant de nombreux siècles.
Le riche mobilier de l’église revendique, notamment, un rare ensemble de stalles de 1460, les plus anciennes en Picardie et rappel du statut de collégiale qu’avait l’église Saint-Pierre, trois tapisseries d’Aubusson de la fin du 17ème siècle représentant des paysages et des motifs végétaux et un bel ensemble de boiseries et autels des 17ème et 18ème siècles (2007, modifié 2017).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Songeons, arrondissement de Beauvais (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1836.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Picardie verte. Cantons de Formerie, Grandvilliers, Marseille-en-Beauvaisis et Songeons, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes de la Picardie Verte, 2007, in-8° de 82 p., p. 31-32 (voir texte ci-dessus).