Saint-Bénigne illustre à merveille combien peut être complexe l’histoire monumentale d’une église, reflet des innombrables évènements qui jalonnent son existence. Comme souvent, un premier édifice en pierre a dû être bâti au 11ème siècle : avec des traces d’appareillage en arêtes de poisson et une petite fenêtre bouchée, le mur sud pourrait en être un vestige.
Plusieurs transformations allaient changer radicalement cet édifice – dont rien n’est connu sur le choeur – dans le courant du siècle suivant. Une première a laissé les contreforts plats à ressauts qui épaulent la nef en façade et en retour de celle-ci (des murs sont venus s’y appuyer par la suite). La seconde a consisté à bâtir un bas-côté au sud, dont la communication avec la nef est assurée par deux arcades en plein cintre percées assez maladroitement. La troisième est bien mieux caractérisée. Il s’agit de la petite chapelle qui s’élève au sud du choeur, là où le terrain accuse une forte pente. Elle est couverte d’une voûte d’ogives dont les caractéristiques – voûtains inclinés, ogives épaisses profilées d’une arête entre deux tores – permettent de la dater peu avant le milieu du 12ème siècle, ce que confirme la petite fenêtre en plein cintre avec son décor de pointes de diamant qui s’ouvre au sud. Les chapiteaux ont malheureusement disparu et les bases des colonnettes qui les recevaient ne sont plus visibles du fait du fort exhaussement du sol.
Vers 1200, c’est au tour du choeur d’être reconstruit. Formé d’une travée droite et d’une abside à trois pans, il comporte des voûtes d’ogives pourvues d’arcs formerets (arcs qui reçoivent la voûte vers le mur) mais les chapiteaux ont tous été bûchés. On y remarque, comme d’ailleurs à la chapelle sud, de fortes déformations dues à l’instabilité du sol. Les fenêtres sont de simples lancettes, soulignées à l’extérieur par une moulure décorée de petites pointes de diamant.
Il faut attendre ensuite le 16ème siècle pour identifier de nouveaux travaux qui concernent, cette fois, le nord de l’édifice. Appuyée sur la travée droite du choeur, la chapelle construite alors était couverte d’une voûte d’ogives, aujourd’hui disparue. Les formerets existent toujours et l’un d’eux montre une petite rosace sculptée. A la même époque sans doute, un second bas-côté est ajouté à la nef, dont le mur nord est complètement détruit pour faire place à d’originales arcades entièrement réalisées en charpente. Le 17ème siècle, enfin, allait doter l’église d’un nouveau portail appareillé en bossage (très restauré) surmonté d’une petite rose à huit lobes (2008).
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Bibliographie :
- Emile COËT, Notice historique et statistique sur les communes de l’arrondissement de Compiègne, Compiègne, 1883.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Pays de Sources et Vallées. Cantons de Guiscard, Lassigny, Noyon, Ressons-sur-Matz et Ribécourt, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise, Sources et Vallées et Europe, 2008, in-8° de 110 p., p. 43 (voir texte ci-dessus).