En lisière de la forêt de Malmifait, le village-rue de Haute-Epine possède, en Saint-Mathurin, une très intéressante église homogène du 16ème siècle. Construite en briques et constituant un bon exemple de l’utilisation de ce matériau à cette époque, elle présente un plan tout en longueur associant une nef unique, précédée d’un porche, à un choeur de deux travées terminées par une abside à cinq pans. Une tourelle d’escalier polygonale, contemporaine de l’édifice, fait seule saillie au sud du choeur. Selon un parti fréquent à cette époque, ce dernier est nettement plus élevé que la nef.
Construit avec un grand souci d’économie, l’extérieur est assez austère. Les grandes fenêtres en lancette du choeur semblent ne jamais avoir eu de remplage et le larmier continu qui leur sert d’appui, comme leur cadre, tous deux réalisés en pierre crayeuse, introduisent l’unique note plus claire. Il n’en est pas de même à l’intérieur, où le choeur reçoit des voûtes d’ogives à la décoration raffinée alors que la nef doit, quant à elle, se contenter d’une simple charpente, par ailleurs fort belle.
Cette différence de traitement se traduit, curieusement, par une inversion des volumes observés à l’extérieur, la charpente en berceau de la nef étant nettement plus haute que les voûtes en pierre du choeur. Retombant par pénétration directe (sans chapiteaux) dans les murs, celles-ci comportent une nervure supplémentaire reliant les trois clefs de voûtes et celles des arcs- doubleaux. De style renaissance et traitées avec minutie, elles montrent un décor végétal où se mêlent parfois des personnages, comme cet abbé tenant la crosse.
Une attention toute particulière doit être portée au porche qui précède la nef et aux quatre ensembles sculptés qui reçoivent, vers l’extérieur, la petite charpente en berceau datable du 16ème siècle. Malheureusement dégradés, ces ensembles se composent d’une courte colonnette cannelée surmontée d’un chapiteau qui supporte lui-même un élément très volumineux et fortement évasé, en liaison avec la sablière de la charpente. Leur richesse décorative proprement époustouflante comme leurs proportions contrastent avec le reste de l’édifice et, sachant que ce porche a connu d’importants remaniements, on peut légitimement s’interroger sur leur origine réelle et se demander s’il ne s’agit pas d’un réemploi (2007).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Marseille, arrondissement de Beauvais (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1833.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Picardie verte. Cantons de Formerie, Grandvilliers, Marseille-en-Beauvaisis et Songeons, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes de la Picardie Verte, 2007, in-8° de 82 p., p. 39 (voir texte ci-dessus).