L’église Sainte-Geneviève, bâtie sur le versant occidental de la vallée de l’Ourcq, est dominée par un clocher roman à haute flèche octogonale en pierre, certainement le plus beau de toute la région. Bien que très remaniée à plusieurs reprises, ses dispositions d’origine (années 1120/1130) peuvent être facilement restituées et consistaient en une nef basilicale de quatre travées avec clocher à l’extrémité orientale du bas-côté nord et un chœur d’une travée droite que terminait sans doute une abside en hémicycle.
Seul le mur gouttereau nord de la nef, qui n’a jamais été voûtée, est intact. Les arcades brisées retombent sur de simples piles rectangulaires par l’intermédiaire d’impostes décorées de zigzags ou simplement moulurées. Les petites fenêtres romanes, aveugles aujourd’hui, sont bien visibles depuis le bas-côté tout comme la belle corniche qui les surmonte, variante de la corniche beauvaisine. La travée du clocher est encadrée par deux arcs doubleaux brisés qui reçoivent une petite voûte de même forme, perpendiculaire à l’axe de la nef.
Le grand intérêt de l’église réside dans la voûte d’ogives de la travée droite du chœur, de conception fort archaïque. L’arc-doubleau qui assure la communication avec la nef ne comporte pas moins de cinq tores. Les chapiteaux ont une sculpture en faible relief et des personnages grossièrement traités se voient sur deux d’entre eux. La voûte proprement dite est très fortement bombée et ses voûtains sont appareillés perpendiculairement aux ogives et non aux arcs d’encadrement, deux indices d’ancienneté. Le profil des ogives, formé d’un gros boudin saillant entre deux tores, et la présence de chapiteaux à godrons portent la signature d’un atelier normand, ce que confirme le décor du petit portail occidental avec ses bâtons brisés et ses têtes d’oiseaux stylisées mordant un tore.
Le haut clocher, ajouré de trois étages de baies, est surtout remarquable par le traitement raffiné du dernier étage – légèrement plus tardif – dont les ouvertures en plein cintre s’ornent de nombreux ressauts moulurés retombant sur autant de fines colonnettes par l’intermédiaire de chapiteaux décorés principalement de feuilles lisses ou d’acanthes. La curieuse forme rhomboïde de la flèche indique sans doute que celle-ci avait été prévue plus haute.
Pour le reste, la chapelle au nord du chœur remonte aux années 1240. Comme le bas-côté sud de la nef, elle sera remaniée au 16ème siècle, lorsque furent construits le chœur pentagonal et la chapelle méridionale, dont la voûte comporte des liernes et des tiercerons (1997).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Betz, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1851.
- Abbé Eugène MÜLLER, "Quelques notes de voyage...", Comité Archéologique de Senlis. Comptes-Rendus et Mémoires, 1884, p. 39-40.
- Eugène LEFEVRE-PONTALIS, L’Architecture religieuse dans l’ancien diocèse de Soissons au XIe et au XIIe siècle, tome II, Paris, 1897, p. 66-68 et planche hors texte.
- Anne PRACHE, Ile-de-France romane, Zodiaque, La nuit des temps 60, 1983, p. 123-125.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Betz. Valois, Multien et Vallée de l’Ourcq, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Pays de Valois, 1997, in-8° de 36 p., p. 24-25 (voir texte ci-dessus).
- Morgan HINARD, Maxime CHARTIER, Jean-Marc POPINEAU, Marie RAIMOND, Marolles, D'une situation de confins à l'union des rives de l'Ourcq, Histoire, Archéologie et Territoires N°4, Aquilon, 2021, 196 p.