C’est Louis VI qui donna aux évêques de Senlis la terre de Mons. L’avènement de frère Guérin, principal conseiller et chancelier de Philippe Auguste, au trône épiscopal de Senlis marquera l’essor décisif de ce lieu, devenu résidence rurale des évêques de Senlis sous le nom de Mont-l’Evêque. Un château fut construit à cette occasion, base du château actuel, fortement refait au 19ème siècle dans le style gothique troubadour dont il constitue un parfait exemple.
C’est également de cette époque (début 13ème siècle) que datent les parties les plus anciennes de l’église Saint-Germain : le croisillon nord, aujourd’hui englobé dans les reconstructions ultérieures, et la nef, à l’origine sans bas-côté et considérablement modifiée par ailleurs.
Très touchée durant la Guerre de Cent Ans, l’église sera presque totalement rebâtie au 16ème siècle. Outre le bas-côté construit au nord de la nef et communiquant avec celle-ci par des arcades dont les chapiteaux méritent d’être détaillés, c’est bien évidemment le choeur qui attire l’attention. Beaucoup plus élevé que la nef, il présente le plan classique de l’époque : un vaisseau central aveugle prolongé par une abside à trois pans et flanqué de bas-côtés terminés carrément. Les voûtes retombent par pénétration directe dans des piliers de plan ondulé, très minces, qui contribuent à ouvrir largement l’espace.
Les fenêtres présentent toutes un réseau en plein cintre qui dénote l’influence de la Renaissance. L’élément le plus remarquable est constitué par les voûtes, dont les nervures adoptent des tracés complexes et tous différents, véritable anthologie des voûtes du gothique tardif. Liernes et tiercerons (nervures secondaires) sont ici de rigueur et les nervures de l’abside adoptent même un tracé asymétrique.
Si l’on excepte les “embellissements” du 19ème siècle, la dernière campagne importante concerne la construction du clocher en 1634. A peine plus haut que le choeur, c’est une tour massive couronnée par une balustrade et flanquée sur son angle sud-est d’une tourelle d’escalier qui dépasse nettement le niveau de la plate-forme. Son utilisation comme tour de guet ne fait aucun doute. A l’ouest, des pierres d’attente prouvent qu’un bas-côté devait également flanquer la nef au sud (2002).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Senlis, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1841.
- Comte Amédée de CAIX de SAINT-AMOUR, "Notice sur d'anciennes tombes découvertes dans le cimetière de Montlévêque", Comité Archéologique de Senlis, Comptes-Rendus et Mémoires, 1875, p. 269-292.
- Abbé Eugène MÜLLER, Senlis et ses environs, Senlis, 1894, p. 136-138.
- Abbé CAVILLON, "Histoire de Mont-l'Evêque de 1788 à 1802", Comité Archéologique de Senlis, Comptes-Rendus et Mémoires, 1913, p. 85-154.
- Agnès CAILLEAU, Eglise Saint-Germain de Mont-l’Evêque, étude préalable de remise en valeur, Compiègne, 1989.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Cantons de Senlis et de Chantilly. Vallées de la Nonette et de la Thève, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et communes des cantons de Senlis et Chantilly, 2002, in-8° de 56 p., p. 23 (voir texte ci-dessus).
- Julie AYCARD, « Destruction et reconstruction des églises de l’ancien diocèse de Senlis (1460-1515), Mythe et réalité », La Picardie flamboyante, arts et reconstruction entre 1450 et 1550, Actes du colloque tenu à Amiens, du 21 au 23 novembre 2012 sous la direction d’Etienne Hamon, Dominique Paris-Poulain et Julie Aycard, Rennes, 2015, p. 198-199.