Un clocher roman, l’un des plus beaux de la région, et un superbe chœur, bâti à la fin des années 1240 à la suite d’une visite de Saint-Louis, justifiée par la présence des reliques de sainte Maure et sainte Brigide, martyrisées non loin de là, à Balagny-sur-Therain, confèrent à cette église un intérêt de tout premier ordre.
La nef et le clocher romans
La nef unique, le transept et le clocher sont de la fin du 11ème et du début du siècle suivant. L’agencement de l’ensemble a été subordonné à l’implantation du clocher, épaulé au nord et au sud par les voûtes en berceau des bras du transept, elles-mêmes contrebutées à l’ouest par les murs gouttereaux de la nef. De part et d’autre de la base du clocher, une petite arcade en plein cintre permet une communication entre la nef et chaque bras du transept, à la manière des « passages berrichons ». Cette disposition peut encore se reconnaître, malgré les modifications ultérieures, à Hermes, Catenoy et Mogneville.
Avec ses quatre étages ajourés de doubles ou triples baies en plein cintre – le premier est masqué par les combles – le clocher est d’une qualité exceptionnelle. Le répertoire décoratif, à l’exception de celui du dernier étage, achevé vers 1125-30, où l’on remarque une corniche beauvaisine, appartient encore au 11ème siècle : billettes, étoiles gravées, chapiteaux à simple volute d’angle…
Le chœur du 13ème siècle
Le chœur à chevet plat est formé par la juxtaposition de trois vaisseaux de deux travées chacun, greffés sur le transept. Le vaisseau central fait saillie à l’est par rapport aux deux vaisseaux qui l’encadre selon une disposition adoptée peu avant à Villers-Saint-Paul et destinée à abriter la maître-autel. Ses voûtes sur croisées d’ogives, portées toutes à la même hauteur, retombent au milieu sur deux hautes piles cylindriques et composent un volume unifié selon le schéma du chœur-halle, dont il constitue le plus bel exemple dans la région. Le remplage des fenêtres – trois lancettes surmontées d’autant de quatre feuilles non inscrits -, le filet appliqué sur le tore central des ogives et les doubleaux, les crochets des chapiteaux et les tailloirs disposés à bec sont caractéristiques du milieu du 13ème siècle et traduisent l’élégance raffinée des réalisations de cette époque.
Le mobilier
L’église a conservé l’impressionnant gisant de Florimond de Villers-Saint-Paul, mort le 9 juillet 1472 des suites de ses blessures après avoir défendu, contre les troupes de Charles le Téméraire, l’abbaye de Saint-Lucien de Beauvais, dont son frère Jean était alors abbé. Elle abrite également le tombeau en marbre de Jean Bardeau, seigneur de Nogent, par Michel Bourdin, du 17ème siècle, ainsi que deux petites chasses du 19ème siècle contenant les reliques des saintes Maure et Brigide (1978, modifié 2015).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Creil, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1828.
- Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l'ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849, appendice p. 2.
- Elie PETIT, « L’église de Nogent-les-Vierges », Revue de l’art chrétien, t. 6, 1860, p. 271-280.
- Chanoine L. PIHAN, Esquisse descriptive des monuments historiques dans l’Oise, Beauvais, 1889, p. 464-473.
- Abbé Eugène MÜLLER, "Excursion du Comité Archéologique de Senlis", Comité archéologique de Senlis, Comptes-rendus et Mémoires, 1891, p. LI-LII.
- Abbé Eugène MÜLLER, Senlis et ses environs, Senlis, 1894, p. 261-264.
- Paul VITRY, "Michel Bourdin et le tombeau de Jean Bardeau à Nogent-les-Vierges", Comité Archéologique de Senlis, Comptes-Rendus et Mémoires, 1897-1898, p. 76-81.
- Abbé Eugène MÜLLER, "Quelques notes encore sur les cantons de Creil et de Chambly", Comité Archéologique de Senlis, Comptes-rendus et Mémoires, 1897-1898, p. 198-199.
- Eugène LEFEVRE-PONTALIS, Congrès archéologique de France, 72ème session, Beauvais, 1905, Société française d’archéologie, Paris et Caen, 1906, p. 111-113.
- Lucien CHARTON, Liancourt et sa région, Liancourt, 1969, p. 295-307.
- Patrick ANSAR, « Le thème du tombeau à orants dans les églises de l’Oise», Groupe d’Etudes des Monuments et œuvres d’art du Beauvaisis (GEMOB), n° 7, 1975, p. 30-31.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise, I, Nouvelles Editions Latines, 1978, in-8° de 34 p., p. 22 (voir texte ci-dessus).
- Gérard LIPPMANN, Etude architecturale de l’église de Nogent-sur-Oise, Université de Paris IV, Mémoire de maîtrise, 1981.
- Claudine LAUTIER et Maryse BIDEAULT, Ile-de-France gothique, Paris, 1987, p. 240-245.
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises en Picardie, Ernst A. Chemnitz/Mitteldeutscher Verlag, 2006, p. 34-36.
Sites internet :
Documents :
- Extrait de Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l’ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849 : APPENDICE. PL. VIII.
- Extrait de Arthur MÄKELT, Mittelalterliche Landkirchen aus dem Entstehungsgebeite des Gotik, Leipzig, réimpression de l’édition originale de 1906, p. 56-57