Dominant la vallée de la Noye que traversait autrefois, après s’être réunies ici même, les voies romaines Beauvais-Amiens et Saint-Martin-Longueau-Amiens, l’église Saint-Denis est bâtie au sommet d’une butte dont les textes nous apprennent qu’elle était déjà fortifiée au 9ème siècle. La Guerre de Cent Ans sera fatale au château, dont rien ne subsiste aujourd’hui.
L’histoire de Saint-Denis est inséparable de celle de Raoul de Lannoy qui, seigneur de Folleville à partir de 1478 par son mariage avec Jeanne de Poix, rachète la seigneurie de Paillart trois ans plus tard. Rallié à Louis XI après avoir combattu pour Charles le Téméraire, ce grand capitaine sera gouverneur de Gênes avant de devenir bailli d’Amiens sous le règne de Louis XII. Imprégné des valeurs esthétiques de la Renaissance qu’il avait ramenées d’Italie, Raoul se conduira en mécène en entreprenant la reconstruction intégrale des églises de Folleville, où il avait son château et dont l’église garde son tombeau, et de Paillart. Après sa mort en 1513, les travaux seront continués par sa veuve, puis par son fils François. Folleville sera consacrée en 1524 et le chœur de Paillart achevé en même temps comme on peut le déduire des armoiries figurant sur les vitraux, des années 1518-1530.
Bien campée sur sa butte, l’église découpe sa silhouette harmonieuse associant, en hauteurs décroissantes, le clocher, le chœur et la nef. Le plan comprend une nef unique suivie d’un important chœur de deux travées terminé par une abside à cinq pans et flanqué de deux chapelles au droit de ses deux travées centrales. Le clocher est assis sur la première travée de la chapelle méridionale. Simple salle rectangulaire, la nef est simplement charpentée. De minces faisceaux de colonnettes à profil prismatique la découpe discrètement en quatre travées. L’importance des contreforts extérieurs donne à penser qu’un voûtement en pierre avait peut-être été envisagé.
Très élégant, le chœur communique avec les chapelles par des doubles arcades montant jusqu’aux voûtes et retombant au centre sur une mince pile circulaire, créant ainsi un espace ouvert et unifié suivant le schéma du choeur-halle. Le vaisseau central est donc aveugle, la lumière parvenant par les fenêtres ouvertes en périphérie. La plupart des voûtes comportent, selon l’usage du gothique tardif, une nervure supplémentaire appelée lierne. La voûte de l’abside a conservé sa clef ornée de l’Agneau pascal. Au-dessus d’un soubassement nu, les fenêtres occupent tout l’espace compris entre la voûte et ses retombées.
A l’extérieur, l’attention se porte sur le magnifique portail méridional, ouvert au droit de la troisième travée de la nef. D’une composition très monumentale et d’une ornementation très riche, il associe intimement les styles gothique flamboyant (arcade polylobée, arcatures aveugles du soubassement et de la partie supérieure) et de la Renaissance (niches avec dais des deux contreforts). Ce mélange des styles est également perceptible dans le réseau des fenêtres, flamboyant au chœur et Renaissance à la nef, une différence qui indique que celle-ci est légèrement plus tardive.
Outre son architecture, Saint-Denis est remarquable pour les trois verrières du 16ème siècle conservées dans le chœur. Dues au talent du maître verrier Mathieu Bléville, de Saint-Quentin, qui officia également à Folleville, elles ont été intelligemment restaurées – parfois recomposées – par Bazin en 1867. Les éléments authentiques concernent essentiellement la Crucifixion, sainte Marguerite, les donateurs et le Baptême du Christ (2005).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Breteuil, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1843.
- Ernest LAURAIN, "Epigraphie du canton de Breteuil-sur-Noye", Comptes-rendus et Mémoires de la Société Archéologique et Historique de Clermont-en-Beauvaisis, 1945, 1946, 1947, p. 23-24.
- G.-R. CANTON et P. HAINSSELIN, « Etudes sur les vitraux de Picardie, XX – Eglise de Paillart », Société des Anticaires de Picardie, Bulletin trimestriel, 1967, 2ème trimestre, p. 59-92.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Oise picarde. Breteuil, Froissy et Crèvecoeur, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Syndicat Mixte de l’Oise Picarde, 2005, in 8° de 64 p., p. 47-48 (voir texte ci-dessus).