Détruite aux deux tiers durant la Guerre 14-18, l’église Saint-Médard a été reconstituée avec une minutie rare par l’architecte André Collin entre 1925 et 1928. Tous les éléments qui pouvaient êtres réutilisés, y compris les plus petits, l’ont été et l’édifice a ainsi retrouvé tout son intérêt, qui est immense. Hormis la façade et les bas-côtés de la nef, refaits aux 17ème/18ème siècles, c’est une construction homogène du troisième quart du 12ème siècle.
De type basilical (avec bas-côtés), la nef comporte cinq travées matérialisées par des arcades à doubles rouleaux, tantôt en plein cintre, tantôt brisées, adoucis par un tore. Elles sont reçues sur des piles cruciformes – dont le profil est identique à celui des arcades – par l’intermédiaire d’un tailloir continu. La dernière travée communique avec deux croisillons minuscules, en légère saillie sur les bas-côtés et dotés de toitures indépendantes. Rien n’indique toutefois la présence de ces croisillons au niveau du vaisseau central de la nef, les arcades qui les relient avec celle-ci étant semblables aux autres. Il faut voir dans cette disposition, tout à fait exceptionnelle à cette époque, la survivance d’une tradition préromane. Deux absidioles tout aussi minuscules et couvertes d’un cul-de-four sont greffées sur chaque croisillon.
Ouvrant sur la nef par un arc diaphragme, le choeur est composé d’une travée droite, sur laquelle s’élève le clocher, et d’une abside en hémicycle. La travée associée au clocher se trouve donc décalée vers l’est par rapport aux croisillons, ce qui constitue, là encore, une disposition inhabituelle. Comportant deux arcatures aveugles en partie basse, elle est couverte d’une voûte d’ogives fortement bombée reçue aux angles sur un dispositif comprenant un tailloir, un chapiteau à décor de feuilles stylisées, une courte colonnette et une console. L’absence de colonnette en partie inférieure et l’encombrement des retombées de la voûte au niveau du tailloir suggèrent qu’une voûte d’arêtes avait été initialement envisagée.
L’abside reçoit de même une voûte d’ogives et ses deux branches viennent buter sur la clef de l’arc doubleau qui la sépare de la travée droite. Elles sont reçues sur deux colonnettes en délit qui, là encore, ne démarrent qu’à mi-hauteur. Le profil des ogives – deux tores encadrant un cavet garni d’étoiles – et les colonnettes en délit renvoient directement aux chapelles rayonnantes du choeur de la cathédrale de Noyon. Il en est de même du profil des ogives de la travée droite – trois tores dont un central très saillant – qui se retrouve au déambulatoire de la même cathédrale et il n’est, dès lors, peut-être pas fortuit de rappeler que c’est le chapitre de Noyon qui possédait la cure de Quesmy.
L’extérieur se signale avant tout par son chevet aux allures encore romanes et par une variante de la corniche beauvaisine qui couronne les croisillons, leurs absidioles et l’abside principale. Le mobilier est riche d’un ensemble cohérent – chaire à prêcher, autel, cuve baptismale et chemin de croix – de style art déco et d’une peinture signée Meleniwska représentant la Vierge à l’Enfant (1904) (2008).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Guiscard, arrondissement de Compiègne (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1850.
- Emile COËT, Notice historique et statistique sur les communes de l’arrondissement de Compiègne, Compiègne, 1883.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Pays de Sources et Vallées. Cantons de Guiscard, Lassigny, Noyon, Ressons-sur-Matz et Ribécourt, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise, Sources et Vallées et Europe, 2008, in-8° de 110 p., p. 84-85 (voir texte ci-dessus).
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises en Picardie, Ernst A. Chemnitz/Mitteldeutscher Verlag, 2006, p. 70-71.