Bien mise en valeur par une restauration très attentive, Saint-Martin est, avec les églises de Bonneuil-les-Eaux et de Paillart, l’édifice de style gothique tardif le plus remarquable de la région. Bâti, du moins pour le chœur et ses chapelles, à l’initiative du seigneur des lieux dont le blason est visible sur plusieurs clefs pendantes, il présente en outre le privilège trop rare d’être daté avec certitude puisque l’une de ces clefs porte la date de 1551.
Le contraste habituel entre la modeste nef, à la charge de la paroisse, et le chœur se retrouve ici, non seulement en élévation, mais surtout au niveau du plan où, au simple rectangle de la nef, s’oppose le vaste chœur composé de deux travées droites flanquées de chapelles de même longueur et d’une abside à cinq pans.
Une pierre de taille bien appareillée a été utilisée partout. Le chœur reçoit la lumière par de grandes fenêtres ouvertes uniquement dans les murs périphériques car le vaisseau central est aveugle. Si toutes sont encore en arc brisé leur réseau interne relève, soit du gothique flamboyant (chapelles), soit de la Renaissance (abside), celle-ci caractérisée par le retour au plein cintre. Ce même mélange s’observe aux voûtes dont le tracé se complique – seconde travée du vaisseau central et abside – de liernes et de tiercerons (nervures secondaires) qu’affectionne le gothique flamboyant tandis que les magnifiques clefs pendantes relèvent clairement de la Renaissance. On retrouve enfin cette osmose, et de façon presque emblématique, dans le petit décor qui surmonte l’un des contreforts de l’abside où la référence aux deux styles ne peut être plus claire.
La chapelle nord devait être réservée plus particulièrement au seigneur comme le montrent une petite porte avec blason et la clef de la seconde travée, également ornée d’un blason et qui a gardé sa polychromie d’origine. Des vitraux, dont subsistent quelques panneaux malheureusement abîmés à l’est des chapelles, complétaient ce magnifique ensemble au même titre que deux exceptionnelles statues en pierre, grandeur nature, représentant saint Christophe et le Christ aux Liens.
Bien que construite avec soin en 1787, la modeste nef fait évidemment pâle figure à côté de cette très belle réalisation. Un charmant plafond peint avec médaillons, daté de 1830, est son seul ornement tandis qu’à l’extérieur, le petit œil-de-bœuf avec blason qui s’ouvre au-dessus du portail est bien dans le style de la fin du règne de Louis XVI (2005).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Froissy, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1832.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Oise picarde. Breteuil, Froissy et Crèvecoeur, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Syndicat Mixte de l’Oise Picarde, 2005, in 8° de 64 p., p. 50-51 (voir texte ci-dessus).