Dominée par la haute et mince silhouette de son clocher latéral, Saint-Thomas s’élève sur le versant nord de la vallée de la Gergogne. C’est un édifice d’un grand intérêt archéologique et aux qualités esthétiques réelles, bâti au début du 13ème siècle mais dont d’importantes réparations sont venues, au 16ème siècle, altérer les dispositions primitives.
La première impression ressentie en pénétrant dans l’église est celle d’une très grande incohérence architecturale, que seule une analyse minutieuse permet de dissiper. Il est ainsi possible de montrer que l’édifice du début du 13ème siècle comprenait une nef dont les trois travées du vaisseau central, de plan carré, étaient accostées de six petites travées de bas-côtés. Elles étaient suivies d’un chœur avec bas-côtés, de deux travées chacun. La forme initiale du chevet n’est pas connue et le clocher s’élève sur la sixième et dernière travée du bas-côté nord de la nef.
C’est l’originalité du parti de cette dernière, où une travée du vaisseau central correspond à deux travées de bas-côté, qu’il faut ici retenir. Cette disposition est encore bien visible au mur gouttereau nord de la seconde travée, malgré le revoûtement du 16ème siècle. Les deux arcades richement moulurées, au tracé aigu, sont reçues au centre sur une mince pile formée de trois demi-colonnes de plan polygonal et, vers le bas-côté, d’une demi-colonne de plan circulaire. La retombée vers les travées adjacentes se fait, en revanche, sur une forte pile rectangulaire. Au-dessus, un bandeau horizontal sert d’appui à une haute et unique fenêtre en plein cintre. Exceptionnel dans la région, ce parti rattache l’église de Rosoy à l’architecture champenoise.
Bien conservé, le bas-côté nord est un délicieux morceau d’architecture. On remarquera ainsi la manière particulièrement heureuse avec laquelle, sur la pile intermédiaire, un unique chapiteau surmontant une demi-colonne bien dégagée de la pile, reçoit les deux ogives et le doubleau de la voûte, tous de même profil. Traitée différemment en raison du voisinage du clocher, la cinquième travée, très courte, est couverte d’une voûte en berceau brisé et une porte, qui est d’origine, permet d’accéder à la chaire à prêcher.
Plus classique, le chœur est tout aussi raffiné. Seul son côté nord s’est conservé. Des pilastres remplacent les demi-colonnes à la retombée des arcades et, dans le bas-côté, les voûtes sont reçues, soit sur un unique chapiteau, soit sur des culs-de-lampe sculptés de masques, comme à la travée du clocher. Ce dernier est une tour très élancée dont l’étage du beffroi est largement ouvert par d’élégantes baies géminées au tracé brisé réunies sous un unique arc de décharge en plein cintre.
Il y a peu à dire du 16ème siècle, qui a moins fait oeuvre de création que de réparation, sauf à la façade, simple mais bien composée avec son portail en anse de panier que surmonte une fenêtre à réseau flamboyant. Pour le reste, on lui doit la reconstruction presque totale des parties sud de l’église, celle de l’abside et le revoûtement du vaisseau central (1997).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Betz, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1851.
- Abbé Eugène MÜLLER, "Quelques notes de voyage...", Comité Archéologique de Senlis. Comptes-Rendus et Mémoires, 1884, p. 36.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Betz. Valois, Multien et Vallée de l’Ourcq, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Pays de Valois, 1997, in-8° de 36 p., p. 28-29 (voir texte ci-dessus).
- Morgan HINARD, Maxime CHARTIER, Marie RAIMOND, Rosoy-en-Multien, Un développement original au pied de l'église Saint-Thomas, Histoire, Archéologie et Territoires N°7, Aquilon, 2022, 184 p.