Les combats de 1918 avaient laissé l’église Saint-Martin presque totalement détruite. L’édifice, qui était l’un des plus remarquables de la région, a fait l’objet, comme Quesmy et Tracy-le-Val, d’une restitution extrêmement soignée qui, si elle ne peut faire oublier l’église disparue, l’évoque du moins d’une manière très convaincante. Implantée sur la pente constituant le versant nord de la vallée du Matz, elle repose sur une dalle gréseuse dans laquelle la croyance populaire s’est plu à voir un menhir renversé. Simple curiosité géologique, celle-ci a été très tôt sacralisée et, comme souvent, le christianisme a continué la tradition cultuelle du lieu en y bâtissant une église.
L’édifice actuel impressionne par sa silhouette élancée. Son plan est constitué d’une nef de trois travées avec bas-côtés, d’un transept saillant et d’un choeur à chevet plat flanqué de deux petites chapelles rectangulaires. Sa construction s’est effectuée en deux campagnes entre les années 1150 et 1180. Partiellement épargné par la Guerre, l’ensemble oriental a été bâti en premier. D’allure encore romane avec ses volumes carrés et ses étroites fenêtres, il semble n’avoir reçu de voûtes d’ogives – sur la croisée du transept et le choeur (cette dernière aujourd’hui disparue) – que lors de la construction de la nef. Les croisillons n’ont jamais été voûtés et les chapelles sont couvertes d’un petit berceau brisé.
Bien que totalement refaite, la nef impressionne par ses proportions inhabituelles, l’étroitesse du vaisseau central accentuant l’effet de hauteur. Un autre élément insolite réside dans le haut soubassement en grès, à l’appareillage grossier, sur lequel elle repose. Le contraste est ainsi grand entre les élégantes arcades brisées à ressaut et les massifs piliers carrés qui les reçoivent. L’ensemble paraît pourtant contemporain et les retombées de la voûte du vaisseau central, qui s’effectuent sur une demi-colonne et deux colonnettes, trouvent naturellement leur place sur l’imposte finement moulurée qui couronne chaque pilier. Une importante surface murale nue sépare les arcades des fenêtres hautes et renforce le caractère singulier de l’élévation. Les rares chapiteaux conservés comportent deux registres de feuilles lisses, avec volutes d’angle, un thème courant à l’époque.
L’extérieur est avant tout remarquable pour la façade, dont les proportions élancées annoncent celles de l’intérieur. Au-dessus du portail en plein cintre, deux fenêtres géminées et une rose à dix lobes créent une composition digne d’édifices beaucoup plus importants. La reconstruction reproduit fidèlement la délicatesse de la modénature. Le mur sud du choeur a conservé, pour sa part, une corniche beauvaisine.
Le mobilier montre un ensemble intéressant – maître-autel, boiseries et chaire à prêcher – de style art déco (2008).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Lassigny, arrondissement de Compiègne (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1850.
- Emile COËT, Notice historique et statistique sur les communes de l’arrondissement de Compiègne, Compiègne, 1883.
- Chanoine Eugène MÜLLER, "Courses archéologiques autour de Compiègne", Bulletin de la Société Historique de Compiègne, t. 11, 1904, p. 289-293.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Pays de Sources et Vallées. Cantons de Guiscard, Lassigny, Noyon, Ressons-sur-Matz et Ribécourt, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise, Sources et Vallées et Europe, 2008, in-8° de 110 p., p. 90-91 (voir texte ci-dessus).