Signalée par la haute et fine silhouette de son clocher, l’ancienne abbaye Saint-Vincent a été fondée en 1060 par Anne de Kiev, veuve du roi Henri 1er. Il ne reste rien des constructions de cette époque et les bâtiments actuels se partagent entre la seconde moitié du 12ème siècle (église) et les années 1660, époque où les bâtiments conventuels sont reconstruits en totalité, offrant un remarquable exemple d’architecture classique (façades, cloître, salle capitulaire, réfectoire). C’est à cette époque que l’établissement acquiert sa vocation de collège d’enseignement, qu’il a gardé aujourd’hui en tant que collège et lycée privés.
L’église, bien que remaniée aux 17ème (modification du croisillon sud et du chevet, voûtement en briques et rehaussement consécutif de la nef) et 19ème siècles (façade, avec rose de 1869), est une bonne illustration de l’architecture augustinienne – Saint-Vincent est affiliée à Saint-Victor de Paris en 1138 – de la seconde moitié du 12ème siècle. Avant la reconstruction des bâtiments conventuels au 17ème siècle, son plan comprenait une nef de trois travées avec bas-côté, un transept saillant et un choeur à chevet plat flanqué de deux chapelles de plan carré. Disposition rare, le clocher s’élève à l’angle de la nef et du transept. Les parties les plus authentiques en sont le choeur et le clocher. Le choeur comprend deux travées voûtées d’ogives, la première étant plus élevée que la seconde.
Les chapiteaux à décor de feuilles d’acanthe et le profil des différents arcs (mais pas celui des ogives) renvoient directement à la cathédrale Notre-Dame, alors en cours de construction, et incitent à y voir l’intervention d’un même atelier. A l’angle nord-est du choeur et du transept se devinent les restes d’une petite chapelle de plan carré, sans doute voûtée d’arêtes à l’origine, comme le transept. Nullement vestige de la première église, comme cela a été parfois écrit, cette chapelle indique que l’édifice du 12ème siècle avait adopté le plan en échelon (un choeur encadré de deux – et parfois plus – chapelles) caractéristique de la plupart des ordres monastiques de ce temps. Avec ses deux étages de baies géminées très élancées, le clocher est une réplique “amincie”des tours de façade de la cathédrale. (D.Vermand, 2002)
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Bibliographie :
- Abbé MAGNE, « Notice sur l’ancienne abbaye royale de Saint-Vincent de Senlis », Mémoires de la Société Académique d’Archéologie, Sciences et Arts du Département de l’Oise, t.4, 1859, p. 249-374.
- Abbé Eugène MÜLLER, "Essai d'une monographie des Rues, Places et Monuments de Senlis", Comité Archéologique de Senlis, Comptes-Rendus et Mémoires, 1881, p. 241-248.
- Eugène LEFEVRE-PONTALIS, Congrès archéologique de France, 72ème session, Beauvais, 1905, Société française d’archéologie, Paris et Caen, 1906, p. 105-106.