Implantée sur le versant oriental d’un vallon où coule le ru de Vandy, l’église Saint-Martin appartient à la seconde moitié du 12ème siècle et, fait extrêmement rarissime pour un édifice de cette époque, n’a jamais connu de transformations notables au cours de son histoire si l’on excepte la reconstruction ultérieure de l’étage du beffroi du clocher. Elle constitue donc un excellent témoignage de l’architecture religieuse qui avait cours alors dans l’ancien diocèse de Soissons. Cette architecture d’une exceptionnelle qualité de réalisation est cependant marquée par un certain conservatisme formel – du moins pour les petites églises paroissiales – qui constitue l’ultime manifestation d’un style roman parfois tenté par la surcharge décorative.
Très complet, le plan de Saint-Martin comprend une nef basilicale de quatre travées, un transept non saillant sur la croisée duquel est assis le clocher et un chœur d’une seule travée, à chevet plat.
Bien que construite en dernier, comme le prouvent les crochets bien formés des chapiteaux du portail et de la corniche, la nef n’est pas voûtée, selon une tradition bien ancrée dans la région, y compris au 13ème siècle. De belles proportions, les arcades au tracé brisé comportent un ressaut et retombent sur des piles cruciformes par l’intermédiaire d’un tailloir continu. Il n’y a pas de chapiteaux. Les fenêtres sont percées dans l’axe des piles afin de réduire la hauteur des murs gouttereaux. Harmonieusement composée, la façade comporte cinq fenêtres. La disposition en triangle des trois fenêtres correspondant au vaisseau central s’accordait à la structure de la charpente qui la couvrait à l’origine.
Bâties à partir des années 1150, les parties orientales sont, en revanche, entièrement voûtées d’ogives. Les arcades de la croisée sont à double ressaut et le rouleau inférieur comporte trois tores, le central étant plus saillant que les deux autres. Les ogives des voûtes adoptent un profil similaire et les nombreux chapiteaux montrent un riche décor composé principalement de feuilles ou de tiges terminées par des boules, mais on y remarque également des chimères affrontées.
Selon une disposition assez courante en Soissonnais, les murs orientaux des croisillons et du chœur possèdent chacun une petite niche d’autel, celle du chœur faisant saillie à l’extérieur et comportant un gâble. L’église toute proche de Montigny-Lengrain offre des dispositions très semblables à celle de Cuise, dont la récente restauration attentive accroît encore l’intérêt (2009, modifié 2016).
Chronologie :
Points d'intérêt :
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Bibliographie :
- Emile COËT, Notice historique et statistique sur les communes de l’arrondissement de Compiègne, Compiègne, 1883.
- Abbé Eugène MÜLLER, "Quelques notes de voyage...", Comité Archéologique de Senlis. Comptes-Rendus et Mémoires, 1884, p. 25-26.
- Eugène LEFEVRE-PONTALIS, L’Architecture religieuse dans l’ancien diocèse de Soissons au XIe et au XIIe siècle, tome II, Paris, 1897, p. 148-151 et planche hors texte.
- Chanoine Eugène MÜLLER, "Courses archéologiques autour de Compiègne", Bulletin de la Société Historique de Compiègne, t. 11, 1904, p. 271.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton d’Attichy. Vallée de l’Aisne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Canton d’Attichy, 2009, in 8° de 36 p., p. 15 (voir texte ci-dessus).
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises dans le Nord de la France, Ernst A. Chemnitz/Cap Régions Editions, 2013, p. 16-17.