Située au fond d’un vallon sec très encaissé, l’église Saint-Clair est dominée par un impressionnant clocher en briques et pierre de la fin du gothique. C’est un édifice très complexe, maintes fois remanié, dont l’analyse se révèle passionnante.
Vers 1200, l’édifice n’était constitué que d’une simple nef – d’origine sans doute plus ancienne mais très dénaturée par la suite – et d’un choeur de deux travées à chevet plat. Englobé dans les agrandissements successifs de l’église, celui-ci a conservé ses deux voûtes d’ogives retombant sur des faisceaux de colonnettes par l’intermédiaire de chapiteaux à crochets. Les fenêtres primitives avec décor de pointes de diamant se voient encore sur le côté nord, celle de la première travée depuis l’intérieur.
C’est sur cette dernière que seront greffées, au nord comme au sud, deux chapelles par Guillaume de Flavacourt, archevêque de Rouen entre 1278 et 1306. Celle du sud conserve encore sa fenêtre à remplage rayonnant. A peu près à la même époque, le choeur sera prolongé vers l’est par une chapelle funéraire, plus basse qu’aujourd’hui et dont le mode de communication originel avec le choeur n’est pas connu car l’ensemble sera repris au 16ème siècle. Elle conserve, sur les deux côtés, deux enfeux qui abritent des gisants du début du 14ème siècle qui pourraient être ceux de Guillaume II de Flavacourt et de son épouse, Agnès de Blois, autrefois à la chapelle Sainte-Anne.
En 1333, enfin, est construite au sud-est la chapelle Saint Jean-Baptiste, fondation d’Ancel de Chantemelle, chambellan de Charles IV le Bel. L’exceptionnelle charpente en carène a été décorée d’anges musiciens à la même époque. En l’espace de moins d’un demi siècle, Flavacourt a donc bénéficié, fait remarquable, de quatre fondations seigneuriales si l’on y inclus la chapelle Sainte-Anne.
Au 16ème siècle, les travaux vont reprendre avec la construction d’un transept à l’ouest du choeur. Les chapelles de Guillaume II y sont alors annexées tandis qu’une travée prolonge vers l’ouest le croisillon nord. Les voûtes d’ogives ne couvrent que le transept proprement dit, dont le croisillon sud sert d’assise au clocher. Celui-ci est une haute tour en briques et pierre de style gothique flamboyant dont le dernier étage est de plan octogonal. Un lanternon en charpente et ardoise du 17ème siècle couronne cette tour, la plus belle de toute la région.
L’édifice conserve notamment un très beau Christ en Croix (15ème siècle) provenant de l’ancienne poutre de gloire ainsi que plusieurs statues en pierre des 14ème (saint Clair, saint Jean Baptiste), 15ème (deux moines) et 16ème (saint Christophe) siècles (2006, modifié 2019).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton du Coudray-Saint-Germer, arrondissement de Beauvais (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, s.d. (1841).
- M. BARRE, « Flavacourt, notice historique et archéologique », Mémoires de la Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts du Département de l’Oise, t. 10, 1877-1879, p. 765-832.
- Louis REGNIER, « Flavacourt », Excursions archéologiques dans le Vexin français, Première série, Evreux, 1922, p. 215-242.
- André LAPEYRE, "La date de fondation des chapelles Sainte-Catherine et Sainte-Marguerite dans l'église de Flavacourt", Mémoires de la Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de Pontoise et du Vexin, t. 42, 1933, p. 60-64.
- Bernard DUHAMEL, Guide des églises du Vexin français, Paris, 1988, p. 126-132.
- Philippe BONNET-LABORDERIE, « Du Thelle au Bray normand », GEMOB, n° 65-66 (1995), p. 95.
- Joël GODARD, « Le culte populaire des saints dans l’Oise », Les Cahiers de la S.H.G.B.E., n°46 (2000), p. 47.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Pays de Bray. Canton du Coudray-Saint-Germer, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Pays de Bray, 2006, in-8° de 36 p., p. 9-10 (voir texte ci-dessus).