Encore trop méconnue, l’église Saint-Denis surprend par son étrange silhouette où choeur et clocher rivalisent de hauteur au détriment de la modeste nef qu’ils encadrent. Un contraste qui se retrouve au niveau des matériaux utilisés : moellons de grès pour la nef, bel appareil de calcaire pour le choeur.
Partie la plus ancienne, la nef, simple salle rectangulaire, vaut pour la belle rose à douze lobes– malheureusement obstrués – de sa façade et pour la charpente en carène qui la couvre. L’une comme l’autre permettent d’en faire remonter la construction au 14ème siècle, une date que ne démentent pas les petites fenêtres à double lancettes recoupées par un unique meneau intermédiaire, qui l’éclaire. La partie antérieure de la charpente porte la date de 1577, qui pourrait correspondre à une reprise partielle liée à l’édification du clocher, élégant ouvrage de charpente recouverte d’ardoises que termine une flèche octogonale flanquée de quatre pyramidions.
Mais c’est, bien sûr, le choeur qui sollicite avant tout l’attention. Par l’originalité de sa conception et la qualité de sa réalisation, il doit être regardé, malgré ses dimensions relativement modestes, comme l’une des oeuvres majeures du gothique flamboyant dans l’ouest de l’Oise. Si sa date de construction n’est pas connue avec précision, on peut néanmoins la situer au début du 16ème siècle, après que la terre d’Hodenc soit passée entre les mains de la famille de Montceaux. Des sépultures de cette famille ainsi que la présence de ses armes à plusieurs clefs de voûte attestent son rôle dans la reconstruction du choeur, selon un usage d’ailleurs assez répandu à l’époque.
Très homogène, ce choeur comprend une unique mais importante travée droite, suivie d’une abside à cinq pans. Deux chapelles, dont les voûtes n’atteignent que la moitié de la hauteur de celles de la partie centrale, sont greffées de part et d’autre de la travée droite et communiquent avec celle-ci par une double arcade retombant sur une pile ondulée.
Toutes les fenêtres adoptent un réseau assez simple composé de deux lancettes se terminant par un ou deux soufflets, complétés parfois par des mouchettes. Plus large, la fenêtre axiale comporte trois lancettes et montre en outre, comme les autres fenêtres de l’abside, un meneau horizontal à mi-hauteur qui sert d’étrésillon. Les voûtes, assez sobres dans la partie centrale mais comportant néanmoins les liernes et tiercerons (nervures supplémentaires) habituels à l’époque, sont beaucoup plus ouvragées dans les chapelles où elles s’ornent – surtout au sud – de nombreuses clefs pendantes. A l’extérieur, c’est la netteté des volumes qui prédomine au détriment d’un décor seulement présent en partie haute des contreforts.
Un riche mobilier – bancs anciens, boiseries, lutrin, statues en bois (saint Lucien de grande taille, saint Roch du 17ème siècle), cuve baptismale à décor godronné du 12ème siècle, vitrail de la Passion (16ème siècle, restauré)…- ajoute encore à l’intérêt de cet édifice aussi remarquable qu’attachant (2006).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton du Coudray-Saint-Germer, arrondissement de Beauvais (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, s.d. (1841).
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Pays de Bray. Canton du Coudray-Saint-Germer, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Pays de Bray, 2006, in-8° de 36 p., p. 10-12 (voir texte ci-dessus).