La façade vue du nord-ouest (2004)

Sommereux

Saint-Aubin * * Afficher la carte

Commanderie

Diocèse : Amiens

Classé monument historique en 1913

Coordonnées GPS :
49°40' 50" N 1°59' 34" E
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Sommereux, église Saint-Aubin

Véritable « miraculée » de l’Histoire si l’on songe à l’ampleur des destructions qui ont touché le patrimoine picard à partir du 14ème siècle, l’église Saint-Aubin a, en effet, été bâtie en deux campagnes rapprochées durant la première moitié du 13ème siècle. Construite comme église d’une commanderie templière qui dépendait de celle de Saint-Maulvis, dans la Somme, elle constitue l’une des très rares églises du 13ème siècle conservées en totalité dans toute la moitié nord de l’Oise. De plus, mise à part la disparition – hypothétique cependant – d’éventuelles voûtes en pierre sur la nef et d’un clocher à la croisée du transept  – l’édifice n’a pas connu d’altérations ou de restaurations majeures : c’est dire son très grand intérêt.

Le plan en est simple – une nef sans bas-côtés, un transept débordant et un choeur allongé de deux travées, terminé par un chevet plat – et la pierre de taille a été uniformément utilisée dans sa construction. A l’extérieur, une moulure formant larmier court tout au long de l’édifice et sert d’appui aux fenêtres. Plus haute à la nef, elle confirme que celle-ci est légèrement plus tardive car un collage est bien visible, des deux côtés, à la naissance du transept. Les contreforts, minces et saillants, se terminent en bâtière.

Les fenêtres sont de simples lancettes dont l’ébrasement comporte en général un ressaut. Ce tracé, assez conservateur pour l’époque, se complique sur les façades orientales des croisillons : double lancette à celui du nord et double lancette surmontée d’un oculus à celui du sud. Inscrit sous un même arc de décharge, ces trois éléments constituent la base de la fenêtre composée qui, née au début du 13ème siècle, connaîtra un développement incessant jusqu’à la fin du gothique, au cours duquel elle caractérisera successivement le rayonnant et le flamboyant.

Le portail occidental, que surmonte une petite rose, constitue l’élément le plus riche de l’extérieur de l’édifice. A la fois inscrits dans l’épaisseur du mur de façade et en saillie sur celle-ci, ses ébrasements sont garnis de trois colonnettes en délit qui reçoivent, par l’intermédiaire de chapiteaux sculptés avec virtuosité, autant de voussures simplement profilées d’un tore. Un gâble en pierre couronne l’ensemble et le protège des intempéries, selon un schéma classique depuis le 12ème siècle.

L’intérieur est traité avec un très grand soin et fourmille de détails originaux, raffinés et parfois surprenants en parfait contraste avec la simplicité du plan, très conventionnel. Construit en premier, le choeur et le transept comportent uniformément, en partie basse, une section de mur nu, de 2,50 m de hauteur environ, sur la partie supérieure de laquelle repose tout le système de voûtement, sauf aux piles qui marquent la liaison avec la nef où les colonnettes sont présentes sur toute la hauteur. Ce soubassement continu permettait vraisemblablement d’y appuyer commodément des stalles pour la communauté attachée à la commanderie.

Le choeur comporte deux travées inégales et la seconde, de plan carré, est couverte d’une voûte sexpartite à laquelle s’ajoute une lierne (nervure supplémentaire) qui divise donc la voûte en huit compartiments, sans doute un discret rappel du plan octogonal en faveur chez les Templiers. Trois clefs sculptées ornent les voûtes et le doubleau intermédiaire. Les retombées s’effectuent sur des chapiteaux à crochets ou à décor de feuillages. Un triplet de fenêtres ajoure le chevet et ajoute à la qualité esthétique du choeur.

La croisée, délimitée par quatre arcs à doubles ressauts, est remarquable par l’effet obtenu grâce à la multiplication des colonnettes qui tapissent ses piles. Très fines, formant une saillie bien marquée, disposées à intervalles réguliers, celles-ci ne sont en effet pas moins de treize à chaque pile. La sculpture des chapiteaux à crochets – reliés entre eux le plus souvent pour former comme une frise – est d’une grande vigueur et la qualité d’un haut niveau. Trois piscines liturgiques traitées avec raffinement se rencontrent dans le choeur et sur les murs orientaux des croisillons, sur lesquels s’appuyaient donc des autels.

Dépourvue aujourd’hui de voûtes, la nef est traitée plus simplement. On y retrouve – ici plus élevée que dans les parties orientales – une section de mur nu sur laquelle prennent appui de grêles faisceaux de trois colonnettes qui recevaient les voûtes et divisaient cette nef en trois travées. A l’entrée du transept, deux colonnettes avec chapiteaux, qui ne reçoivent rien aujourd’hui, et l’écartement sensible des murs confirment qu’une voûte en pierre existait bien autrefois. Le mobilier comporte des fonts baptismaux sans décor, du 13ème siècle, un autel avec retable d’époque Louis XV et un petit orgue du 19ème siècle. (D.Vermand, 2007, modifié 2019)

Chronologie :

Points d'intérêt :

Galerie :

L'extérieur de l'église

L'intérieur de l'église

Bibliographie :

  • Abbé MEISTER, "Epigraphie du canton de Grandvilliers. Inscriptions relatives au XIXe siècle", Mémoires de la Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts du Département de l'Oise, t. 20, 1907-1908, p. 834-838.
  • Ludovic GALFO, "La situation des maisons de l'hôpital après la guerre de Cent ans : l'exemple de la baillie de Sommereux", Quadrilobe, n° 1, 2006.
  • Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Picardie verte. Cantons de Formerie, Grandvilliers, Marseille-en-Beauvaisis et Songeons, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes de la Picardie Verte, 2007, in-8° de 82 p., p. 73-75 (voir texte ci-dessus).

Notes :

  • Sommereux : notes de visite du 6/7/2005