De tous les édifices de la région détruits lors de la Guerre 14-18 dans le nord-est de l’Oise, Saint-Eloi est assurément celui dont la perte est la plus regrettable. Bien qu’effectuée avec soin, la reconstruction à l’identique opérée dans les années 1920 ne peut faire oublier le véritable chef d’oeuvre qu’était l’église de la première moitié du 12ème siècle. Illustration la plus aboutie d’une forme baroque du roman qui prospéra tout particulièrement dans les diocèses de Soissons et de Laon, son mérite avait d’ailleurs été reconnu très tôt puisqu’elle avait été classée parmi les monuments historiques dès 1840.
Le plan de l’édifice comprend une nef basilicale de trois travées dont le vaisseau central débouche sur le choeur, formé d’une travée droite et d’une abside en hémicycle. Une chapelle de plan carré prolonge chaque bas-côté et communique avec le choeur par une arcade brisée. La nef n’est pas voûtée et ouvre sur les bas-côtés par des arcades en plein cintre à ressaut, reçues sur des piles rectangulaires de même plan. Les tailloirs – six anciens ont été remontés – sont décorés de motifs géométriques divers.
Le choeur est couvert d’un berceau brisé, l’abside d’un cul-de-four et la chapelle nord, qui correspond à la base du clocher, d’une voûte d’arêtes : les trois types de voûtes utilisés dans l’architecture romane se retrouvent ainsi dans cette partie de l’église.
Mais c’est surtout l’extérieur et son spectaculaire clocher qui retiennent l’attention. Seule partie épargnée avec le bas-côté sud, le portail témoigne seul, aujourd’hui, de l’exceptionnelle qualité de l’édifice disparu : en saillie sur la façade et couronné d’un gâble, ses trois voussures – l’une est décorée de bâtons brisés – retombent sur six colonnettes en délit par l’intermédiaire de chapiteaux finement sculptés de motifs végétaux. Les murs latéraux sont couronnés chacun d’une corniche à modillons sculptés d’une incroyable variété et dont plusieurs sont authentiques.
Implanté au nord du choeur, le clocher était un chef d’oeuvre de l’art roman dont la copie actuelle donne une assez bonne idée. Au-dessus d’un haut soubassement nu, le premier étage, de plan carré, est ajouré sur chaque face de deux baies géminées d’une extrême richesse décorative. Le second étage adopte un plan octogonal qui affine considérablement la silhouette de la tour. Ses huit baies sont traitées avec la même exubérance. Une corniche à arcatures encadre chacun des deux étages tandis que quatre anges assure la transition entre les deux plans (2008).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Emile COËT, Notice historique et statistique sur les communes de l’arrondissement de Compiègne, Compiègne, 1883.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Pays de Sources et Vallées. Cantons de Guiscard, Lassigny, Noyon, Ressons-sur-Matz et Ribécourt, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise, Sources et Vallées et Europe, 2008, in-8° de 110 p., p. 100-101 (voir texte ci-dessus).
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises en Picardie, Ernst A. Chemnitz/Mitteldeutscher Verlag, 2006, p. 74-75.
Documents :
- Extrait de Arthur MÄKELT, Mittelalterliche Landkirchen aus dem Entstehungsgebeite des Gotik, Leipzig, réimpression de l’édition originale de 1906, p. 45-46
- Extrait de Alphonse de CAYEUX, Charles NODIER et Justin TAYLOR, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Picardie, vol. 3, Paris, 1845.
- Extrait de Alphonse de CAYEUX, Charles NODIER et Justin TAYLOR, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Picardie, vol. 3, Paris, 1845.