AGNETZ-Saint-Remy-gene-(1972)

Agnetz / Ronquerolles

Saint-Rémy-L'Abbaye * * Afficher la carte

Prieuré

Diocèse : Beauvais

Classé monument historique en 1966

Coordonnées GPS :
49°23' 59" N 2°23' 39" E
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Agnetz / Ronquerolles, église Saint-Rémy

Autrefois dénommé Saint-Remy-sous-Clermont, Saint-Remy-l’Abbaye était en réalité un simple prieuré dépendant de l’abbaye bénédictine de Saint-Germer-de-Fly. Il bénéficiait de la collation des cures d’Avrechy et de Lieuvillers et ne comptait plus aucun moine au 18ème siècle. Longtemps utilisé comme grange d’une exploitation agricole, l’édifice a connu par la suite une restauration très poussée mais respectueuse de l’état d’origine, du moins pour ce qui peut être apprécié depuis l’extérieur de la propriété car il n’est malheureusement pas ouvert à la visite. Les dessins et la description d’Eugène Woillez ainsi que les photos antérieures aux restaurations permettent cependant d’en effectuer une description très précise.

Construit à la charnière des 11ème et 12ème siècles, cet édifice pleinement roman et peu modifié est aujourd’hui réduit à sa nef. Les éléments conservés à son extrémité orientale permettent d’affirmer qu’il y eut un transept mais rien n’est connu sur le chœur primitif. Les quelques éléments mis au jour lors des fouilles effectuées par Woillez ne sauraient en tous cas se rapporter à l’édifice roman actuel faute d’une articulation cohérente avec ce qui subsiste.

La nef est de type basilical – c’est-à-dire avec bas-côtés – et comporte quatre travées matérialisées par autant d’arcades en plein cintre reçues sur des piles carrées par l’intermédiaire d’un tailloir qui en fait le tour, parfois décoré de motifs géométriques. La quatrième et dernière travée est toutefois différente car l’arcade comporte un ressaut et, vers l’est, retombe sur une demi-colonne par l’intermédiaire d’un chapiteau. Celui du nord comporte un décor de godrons, un thème originaire de Normandie, et celui du sud a sa corbeille décorée en faible relief de petites feuilles stylisées. Le traitement particulier de cette dernière travée répondait certainement à la volonté de mettre l’accent sur l’entrée dans l’espace liturgique proprement dit.

En partie haute, des fenêtres en plein cintre ajourent chaque travée au droit des arcades et une charpente apparente ou un plafond plat couvrait l’ensemble dès l’origine. Si la nef – aujourd’hui bien réduite dans sa longueur – de la Basse-Œuvre de Beauvais (fin 10ème siècle) représente encore un bel exemple du parti basilical et le plus ancien conservé dans l’Oise, les nefs de Cinqueux, Sarron, Rhuis ou Saint-Léger-aux-Bois en constituent d’autres bons exemples plus ou moins contemporains de Saint-Rémy.

L’extérieur est surtout remarquable par sa façade, qui annonce les dispositions intérieures et au centre de laquelle s’ouvre un portail de qualité mais malheureusement très dégradé. L’archivolte est soulignée par une riche mouluration mais les chapiteaux et colonnettes qui la reçevait ont disparu. Le tympan est décoré de losanges (opus reticulatum) comme au Fay-Saint-Quentin et à Allonne. Sur les murs latéraux, les fenêtres sont reliées par une moulure qui contourne l’archivolte et associe billettes et dents de scie, un décor spécifique à cette époque charnière des 11ème/12ème siècles.

L’est de cette nef, qui s’ouvrait sur le transept aujourd’hui disparu, est remarquable pour les huit chapiteaux qu’il conserve. Quatre correspondent aux arcades orientales des bas-côtés, deux à celle qui introduisait à la croisée du transept et deux autres à l’amorce des arcades qui délimitaient cette croisée au nord et au sud. Leur décor est très représentatif de la sculpture romane dans la région à cette époque et dont l’origine est à trouver parfois dans la proche Normandie. Certains sont une interprétation très libre du chapiteau corinthien (celui à la retombée sud de l’arcade correspondant au bas-côté sud est très proche d’un chapiteau du Fay-Saint-Quentin), deux autres accueillent timidement des feuilles plates, un thème appelé à un grand succès par la suite, et l’un comporte des palmettes comme ils s’en trouvent plus volontiers plus à l’est de l’Oise. Plusieurs tailloirs comportent des décors géométriques, prolongeant en cela la tradition du 11ème siècle. D’autres adoptent un profil mouluré sans décor qui règnera sans partage à partir du 12ème siècle (2020).

 

Chronologie :

Points d'intérêt :

Galerie :

L'extérieur de l'église

L'intérieur de l'église

Les chapiteaux

Bibliographie :

  • Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l'ancien beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849, p.27-28 et planches hors-texte.
  • Danielle JOHNSON, Architectural Sculpture in the Region of the Aisne/Oise Valleys during the Late 11th/Early 12th Century, Thèse de Doctorat de l’Université de Leiden (dactylographiée), 1984.

Documents :

  • Extrait de Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l’ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849 : SAINT-REMY-L’ABBAYE. PL I à IV.