Dédiée à saint Martin, ce qui atteste son ancienneté, l’église de Breuil-le-Sec avait le statut de prieuré-cure, comme sa voisine de Breuil-le-Vert, et dépendait de l’abbaye de Saint-Germer-de-Fly. Les moines, peu nombreux à vrai dire, assuraient donc également le service de la paroisse.
Bâtie au milieu du cimetière, non loin de la Brêche, c’est un édifice à la silhouette complexe qui traduit une histoire monumentale qui ne l’est pas moins, et que domine un imposant clocher gothique. L’insolite inversion de l’orientation de l’église – le portail d’accès est percé dans le mur est de l’ancien chœur et l’actuel, avec son abside polygonale, est à l’ouest – trouve son explication dans l’incendie, en 1798, de l’ancienne nef, alors correctement située à l’ouest de l’église.
Les vestiges vus dans les années 1830 par Graves et Woillez – qui les dessina – remontaient aux 11ème /12ème siècles et indiquaient que cette nef avait possédé des bas-côtés – comme on peut le voir encore à cette époque à Cinqueux, par exemple – et qu’un portail en plein cintre fort simple, à décor de billettes, s’ouvrait à la façade. Des arcatures aveugles de même tracé ornaient le mur du bas-côté nord, le seul restant.
La compréhension de la longue histoire monumentale de l’édifice passe nécessairement par une approche chronologique qui permet, après la nef disparue, d’identifier tout d’abord l’ancien chœur à chevet plat (devenu nef avec son portail percé au 19ème siècle) et la chapelle carrée qui le flanque au nord. Le profil des ogives – une arête entre deux tores – et le décor des chapiteaux, où ne s’affirme pas encore complètement le crochet gothique, plaident pour une date vers 1170/80. Ce que confirme, à l’extérieur, les étroites fenêtres au tracé brisé souligné par une moulure simplement biseautée et la corniche profilée en quart-de-rond qui rappelle curieusement les modèles bourguignons mais que l’on retrouve à Montépilloy. Le percement du portail a malheureusement fait disparaître une grande fenêtre de style gothique rayonnant, percée après-coup.
La chronologie appelle ensuite la construction, peu après, de la base du clocher et du bras nord du transept. Si la première – dont la voûte est portée très haut – trouve naturellement sa place immédiatement à l’ouest du chœur, l’alignement du bras nord du transept sur celle-ci a déterminé un raccourcissement de la chapelle nord qui apparaît notamment dans sa voûte tronquée. Le profil des ogives est légèrement différent et les chapiteaux y affirment davantage le crochet terminé par des boules. Le clocher appartient à cette campagne de travaux mais le renforcement des piles de la croisée, devenues de gros massifs carrés, est à placer aux 15ème/16ème siècles. Les deux piles orientales, à l’entrée de l’ancien chœur et tournées vers l’ouest afin d’être aperçues depuis l’ancienne nef, comportent des doubles niches richement décorées, de style gothique flamboyant, dont les statues ont depuis longtemps disparues.
Au sud, une chapelle de deux travées fait pendant au chœur et à la base du clocher. Peu développée en largeur, sa construction peut remonter à la fin du 14ème ou au début du 15ème siècle si l’on en juge par l’apparition timide de formes flamboyantes dans les fenêtres, restaurées mais bonnes.
Dernier construit entre 1850 et 1856 pour remplacer la nef ruinée, le chœur comporte deux travées – la première flanquée de bas côtés – terminées par une abside à trois pans. Bâti et décoré avec soin, il constitue un bon exemple de style gothique flamboyant, sans grande originalité mais fidèle à ses modèles du 16ème siècle.
A l’extérieur, c’est bien sûr le puissant clocher qui attire l’attention. Ses grandes dimensions, dictées par la croisée sur laquelle il repose, lui permettent d’accueillir deux larges baies, recoupées par une colonnette, sur chaque côté. La plupart des chapiteaux sont cohérents avec ceux de la croisée et permettent de le situer dans le dernier quart du 12ème siècle. D’autres paraissent du 13ème siècle mais leur authenticité n’est pas certaine. Une frise décorée de fleurs de voilettes encadre horizontalement ces baies. L’actuelle flèche en charpente recouverte d’ardoise qui le couvre a remplacé une toiture en bâtière, telle qu’on en voit encore une à Breuil-le-Vert (2020).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Clermont, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1838.
- Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l'ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849, p. B 14-15 et planche hors texte.
- Amédée BEAUDRY, "Autour du plateau de Liancourt - Promenade archéologique", Société Archéologique et Historique de Clermont, Procès-verbaux et communications di verses, 1904, p. 146-152.
- Ernest LAURAIN, "Epigraphie du Canton de Clermont", Bulletin et Mémoires de la Société Archéologique et Historique de Clermont-de-l’Oise, 1938, p. 87-89.
- Lucien CHARTON, Liancourt et sa région, Liancourt, 1969, p. 160-167.
- Catherine THIEBLIN, Un village du Clermontois au XVIIIème siècle, Breuil-le-Sec, Groupe d’Etude des Monuments et Oeuvres d’art de l’Oise et du Beauvaisis (GEMOB), Bulletin n° 98, 2000.