Propriété du chapitre Notre-Dame de Senlis, la paroisse Notre-Dame de Chamant a été fondée en 1129. L’église a subi une importante restauration entre 1863 et 1877, restauration effectuée à l’initiative de Napoléon III, sous la direction de Viollet-le-Duc, et justifiée par la présence de l’enfeu qui abrite les cendres de Christine Bonaparte, femme de Lucien, le frère aîné de Napoléon, qui possédait ici le château du Plessis-Chamant, disparu dès le 19ème siècle.
Si l’intérieur de l’édifice apparaît ainsi comme une bonne illustration du style gothique troubadour, en vogue à l’époque, il n’en a pas moins perdu tout caractère d’authenticité et son analyse n’en est rendue que plus difficile. Le clocher et sa base témoignent seuls aujourd’hui de l’église édifiée peu après la fondation de la paroisse.
Communiquant avec la nef et le choeur par des arcades brisées reçues sur des chapiteaux décorés de feuilles plates, de palmettes ou de grosses volutes d’angle, la base est couverte d’une voûte d’arêtes dont l’authenticité est probable et constitue l’un des derniers et rares exemples de voûte romane dans une région où la voûte d’ogives apparaît très tôt. Assez austère, l’étage du beffroi du clocher est ouvert sur chaque face de deux baies géminées en plein cintre subdivisées par une colonnette. Flanquée de pyramides aux angles et ajourée, la haute flèche octogonale en pierre est une évocation modeste mais particulièrement heureuse de celle, par ailleurs géographiquement si proche, de la cathédrale de Senlis et peut donc être attribuée au milieu du 13ème siècle.
C’est à la fin du 13ème ou au début du 14ème siècle qu’est reconstruit le choeur, privé de sa voûte d’ogives lors de la restauration du 19ème siècle mais intéressant par les trois fenêtres de style gothique rayonnant – et tout particulièrement celle du chevet – qui l’éclaire. Au 16ème siècle, une chapelle au sud de la travée du clocher – chapelle de la Vierge – puis une nef avec bas-côté au sud donnent à l’église son visage actuel. L’intérieur de la nef sera totalement repris au 19ème siècle et doté de voûtes d’ogives plates inspirées du style gothique perpendiculaire anglais.
Outre le monument à la mémoire de Christine Bonaparte, l’église possède un intéressant mobilier néo-gothique – autel, confessionnal, chaire à prêcher -, une exceptionnelle Vierge au Buisson ardent, du début du 14ème siècle et une peinture d’Ary Scheffer (2002, modifié 2019).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Senlis, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1841.
- Abbé Eugène MÜLLER, Senlis et ses environs, Senlis, 1894, p. 202-208.
- Pierre-Jean TROMBETTA, « L’architecture religieuse dans l’ancien Diocèse de Senlis (1260-1400) », Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et mémoires 1971-1972, p. 46-48.
- Raymond POUSSARD, « Chamant, village neuf fois centenaire», Groupe d'Etude des Monuments et Oeuvres d'art de l'Oise et du Beauvaisis (GEMOB), Bulletin n°70-71, 1995.
- Raymond POUSSARD, Autour d'une forêt royale : Halatte, Groupe d’Etude des Monuments et Oeuvres d’art de l’Oise et du Beauvaisis (GEMOB), Bulletin n° 92-94, La forêt d'Halatte (T.II), Autour de la forêt, 1999, p. 100-101 (sur le château).
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Cantons de Senlis et de Chantilly. Vallées de la Nonette et de la Thève, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et communes des cantons de Senlis et Chantilly, 2002, in-8° de 56 p., p. 10 (voir texte ci-dessus).
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises en Picardie, Ernst A. Chemnitz/Mitteldeutscher Verlag, 2006, p. 24-25.
- Mathieu LEJEUNE, Recherches sur les flèches monumentales du XIIIe siècle dans le nord de la France : le cas de la tour sud de la cathédrale de Senlis, Thèse de doctorat en Histoire et Archéologie de Sorbonne Université, 2018, p. 304-306.