Une souche de la tour sud, une partie du mur du bas-côté nord noyé dans des constructions postérieures et un cloître pour l’essentiel du 14ème siècle sont tout ce qui reste aujourd’hui de la plus ancienne et de la plus prestigieuse abbaye compiégnoise. Elle a pour origine une chapelle dédiée à la Vierge, fondée en 877 par Charles le Chauve à proximité de son palais et bâtie sur le modèle de celle de Charlemagne à Aix-la-Chapelle. Restaurée par Charles le Simple en 917, après deux incendies allumés par les Normands, la chapelle se voit alors adjoindre une basilique dédiée aux saints Corneille – dont les reliques sont ramenées de Rome par le souverain après son couronnement – et Cyprien. Louis V, le dernier Carolingien, y est inhumé en 987.
L’abbaye Saint-Corneille connaît un nouvel âge d’or à la fin du 11ème siècle lorsque Philippe 1er instaure la foire de la mi-carême en relation avec la translation de la précieuse relique du Saint Suaire, apportée à Compiègne par Charles le Chauve et dont le culte se développe dans le contexte des Croisades. Une reconstruction de l’église, accompagnée de la disparition de la Chapelle de Charles le Chauve, est peut être entreprise dès cette époque, même si l’édifice détruit au début du 19ème siècle remontait, pour l’essentiel et indépendamment des transformations ultérieures, au 12ème siècle.
Construite sans doute en deux campagne principales que séparent la transformation de l’établissement en abbaye bénédictine en 1150, l’église nous est connue par des plans et gravures anciens. Dans son état du 12ème siècle, elle comprenait une longue nef de dix travées terminée par un chevet à trois pans. Des bas-côtés surmontés de tribunes accompagnaient la nef et le choeur. Deux hautes tours percées de cinq étages de baies étaient implantées à la naissance du chevet. Il n’y avait pas de transept. On peut se demander si le chevet à pans coupés, inhabituel pour l’époque, et les deux tours qui l’accompagnait ne faisaient pas écho, au même emplacement, à la Chapelle de Charles le Chauve. Avec ses tours jumelles de part et d’autre du choeur (chevet harmonique), Saint-Corneille appartenait à une famille particulièrement bien représentée dans la région et dont Morienval et, plus tard, Saint-Leu d’Esserent restent les plus beaux exemples.
Les gravures anciennes et les textes conservés montrent que cette église subit par la suite de nombreuses transformations : chapelles à étage dans le prolongement du choeur (cette dernière du 13ème siècle) et de ses bas-côtés, réfection des parties hautes de la nef (14ème et 15ème siècles), adjonction de deux travées à l’ouest entre 1511 et 1550 (de style gothique flamboyant, la nouvelle façade était très proche de celle de Saint-Antoine), restauration dans le style classique par les Mauristes au 18ème siècle. Désaffectée à la Révolution et utilisée comme fabrique de salpêtre puis magasin à fourrages de l’armée, l’édifice était finalement démoli entre 1806 et 1824 pour faire place à la rue qui porte son nom (2001).
Chronologie :
Points d'intérêt :
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Bibliographie :
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