Escortée au sud par une importante motte féodale encore parfaitement conservée, l’église Saint-Nicolas occupe un site dominant qui met bien en valeur sa silhouette tourmentée, fruit d’une histoire monumentale particulièrement riche. Fondée en tant qu’église d’un prieuré cure, sans doute au début du 12ème siècle par l’abbé de Breteuil Guillaume II, elle le restera jusqu’à la fin du 17ème siècle. Il ne subsiste rien des bâtiments du prieuré, hormis une partie du mur de clôture et une porte, du 13ème siècle, à l’ouest de l’église. Ce statut explique que l’église possède un double chœur, celui du centre – flanqué d’une chapelle au nord – réservé au prieuré et dédié à saint Nicolas et celui du sud, affecté à la paroisse et consacré à Notre-Dame.
Chronologiquement, la description de l’église appelle d’abord la nef, simple salle rectangulaire réparée à de très nombreuses reprises. Deux contreforts plats ornés de billettes et une frise décorée d’étoiles et de rosaces en façade incitent en effet à la faire remonter à l’époque de la fondation.
Cette première église sera dotée – comme ce fut souvent le cas – d’un nouveau chœur à l’époque gothique, sans doute à la fin du 13ème siècle. Constitué à l’origine de deux travées et terminé par un chevet plat, il est surtout reconnaissable dans sa première travée – celle qui porte le clocher – dotée à l’est et à l’ouest d’arcades en cintre brisé. Au-dessus, coiffé d’un important beffroi en charpente recouverte d’ardoises, le clocher est ajouré de doubles baies sur les faces nord et sud et d’une simple baie sur les deux autres faces. Elles sont malheureusement obturées et peu visibles.
Le 16ème siècle va modifier radicalement le visage de l’église en la dotant, en trois étapes, d’un ensemble oriental particulièrement imposant. C’est d’abord, au nord, la construction de la chapelle de la Madeleine, très modifiée par la suite. Vient ensuite l’agrandissement du chœur Saint-Nicolas (réservé au prieuré), doté d’une abside pentagonale qui vient remplacer le chevet plat du 13ème siècle. Elle est éclairée par de simples lancettes et les ogives de la voûte sont reçues sur des petits culs-de-lampe sculptés.
Bâti en dernier (un cartouche en haut du contrefort sud-ouest porte la date 1553), le chœur paroissial, dédié à Notre-Dame, est beaucoup plus vaste. Composé de deux travées et d’une abside à cinq pans, il comporte des magnifiques clefs pendantes – dont une est sculptée d’un exceptionnel Couronnement de la Vierge – et communique avec son voisin par deux minces piliers qui concentrent toutes les retombées des voûtes. S’il se réclame encore du style gothique flamboyant, il n’en est plus de même du croisillon qui le prolonge au sud, daté 1570, et qui appartient pleinement à la Renaissance, tant par le dessin de la rosace que par le délicat décor des parties supérieures où des petits pilastres cannelés encadrent des niches surmontées de coquilles Saint-Jacques.
Si le mobilier vaut davantage par son abondance que par sa qualité, on détaillera, en revanche, le riche ensemble de vitraux des années 1880-1905, dû aux meilleurs ateliers de la région (2005).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Breteuil, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1843.
- Ernest LAURAIN, "Epigraphie du canton de Breteuil-sur-Noye", Comptes-rendus et Mémoires de la Société Archéologique et Historique de Clermont-en-Beauvaisis, 1944, p. 72-74.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Oise picarde. Breteuil, Froissy et Crèvecoeur, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Syndicat Mixte de l’Oise Picarde, 2005, in 8° de 64 p., p. 11-13 (voir texte ci-dessus).
- Didier QUENEHEN, "Le site castral de Bonneuil-les-Eaux", Revue archéologique de Picardie, 2005, n° 1-2, p. 109-118.