A quelque distance à l’ouest de l’église paroissiale et dissimulée dans une propriété particulière, l’église du prieuré Sainte-Madeleine de Bulles se réduit aujourd’hui – et pour combien de temps encore ? – à quelques pans de mur.
Fondée en tant que collégiale en 1075 par le seigneur du lieu, Hugues de Dammartin, elle fût aussitôt remise à l’abbaye Saint-Lucien de Beauvais, qui possédait la seigneurie depuis le 7ème siècle et en avait été spoliée au début du 11ème siècle par Lascelin, premier seigneur connu de Bulles. Mais les chanoines attachés à la collégiale, refusant cette restitution, durent affronter un procès durant lequel Hugues fit venir des religieux de Vézelay, suscitant un nouveau procès, cette fois-ci de la part des chanoines. Perdu par ces derniers, l’établissement fut définitivement attribué aux religieux de Vézelay et transformé en prieuré sous le patronage de sainte Madeleine en référence à l’établissement bourguignon.
Les restes actuels de l’église se réduisent à une partie du mur sud, très réparé, à la partie basse de la façade, privée de son portail d’origine, et à une partie de l’abside, dont le pan central encore visible sur une grande partie de son élévation. Des descriptions du 19ème siècle, lorsque l’église était encore largement conservée, évoquent une construction de 30 mètres de longueur dont la nef comportait des bas-côtés avec lesquels elle communiquait par des arcades en plein cintre retombant sur de simples piles rectangulaires. Elle n’était pas voûtée. L’abside avait un plan pentagonal et ne semblait pas davantage être voûtée. Une tour s’élevait à l’angle sud-ouest de la façade.
Mais l’élément le plus intéressant était incontestablement le portail, soigneusement démonté à une date inconnue pour être vendu, ce qui l’a sauvé car la façade était en fort mauvais état. On ne sait toutefois pas la destination qu’il a prise. Il est connu par les dessins de Woillez et une photographie. Fort bien conservé lors de son démontage, il comportait trois rangées de voussures retombant sur autant de colonnettes par l’intermédiaire de chapiteaux à décor végétal formé de tiges perlées et de feuilles stylisées. La voussure externe montrait un décor de bâtons brisés, celle du centre des roses associées à des galons et celle interne des feuilles stylisées disposées symétriquement. Une moulure saillante à l’ornementation également végétale circonscrivait l’ensemble. Tympan et linteau avaient depuis longtemps disparu, remplacé par une simple porte au 16ème siècle.
Par son style, ce portail pouvait être daté du second quart du 12ème siècle, soit bien après la fondation du prieuré, contrairement à une arcade de la nef, encore visible dans les années 1970, dont l’appareillage fait de claveaux étroits appartenait à la construction du 11ème siècle (2020).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Clermont, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1838.
- Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l'ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849, p. B 17-20 et planche hors texte.
- A. de CAUMONT, "Prieuré de Bulles (Oise)", Bulletin monumental, vol. 13, 1847, p. 545-548.