Maintes fois remanié, Saint-Martin n’en reste pas moins un édifice digne d’intérêt, particulièrement dans les parties du 12ème siècle qu’il conserve. Rendues nécessaires par la forte dégradation de la pierre, les restaurations en cours, bien que respectueuses des dispositions premières, font toutefois perdre beaucoup de son authenticité à certaines parties de l’édifice (façade, choeur…) et confèrent à celles-ci une indéniable sécheresse.
Totalement rebâtie dans les années 1120, l’église a gardé de cette époque la partie centrale de la façade avec son petit portail en plein cintre à colonnettes, le mur gouttereau nord de la nef, percé à l’origine de cinq arcades également en plein cintre, et le clocher, assis dans le prolongement du bas-côté nord.
Les trois arcades romanes qui subsistent dans la nef présentent un ressaut et sont reçues sur des piles cruciformes dont les impostes montrent un décor géométrique. Comme pour plusieurs églises de la région, les fenêtres sont percées dans l’axe des piles
Reposant sur un soubassement voûté en berceau plein cintre, le clocher comporte trois étages de baies – celles du dernier étage sont décorées de bâtons brisés (sauf au nord où elles ont été refaites) – que termine, comme la nef, une belle corniche à modillons. Par son emplacement et son économie générale, ce clocher, bien que d’allure plus trapue, est manifestement inspiré des tours de chevet de l’abbatiale de Morienval.
Le choeur à chevet plat et la chapelle qui le flanque à l’est sont du dernier quart du 12ème siècle. Si la première travée, profondément remaniée au 16ème siècle, n’a guère d’intérêt, la seconde est en revanche remarquable par le raffinement qui a présidé à sa construction. Arcatures aveugles animant la base des murs, colonnettes dédoublées au piédroit des fenêtres, chapiteaux finement travaillés en font un délicat morceau d’architecture pressenti dès l’extérieur, où l’on remarque la qualité de la mouluration qui souligne l’archivolte des fenêtres comme celle de la corniche à arcatures et modillons. La petite chapelle nord est de la même veine.
Après avoir été agrandi vers 1200 d’une chapelle au sud, l’édifice sera lourdement oblitéré au 16ème siècle par diverses modifications ou reconstructions dont celle des deux bas-côtés et du mur gouttereau sud de la nef. De style renaissance, ses piles circulaires sont surmontées de chapiteaux doriques et des départs d’ogives montrent qu’un voûtement, voir une reconstruction totale de la nef était alors prévu. A l’extérieur, les fenêtres des bas-côtés montrent un beau réseau flamboyant et sont surmontées de petits murs pignon à l’effet fort pittoresque (modifié 2016).
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Points d'intérêt :
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Crépy-en-Valois, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1843.
- Eugène LEFEVRE-PONTALIS, L’Architecture religieuse dans l’ancien diocèse de Soissons au XIe et au XIIe siècle, tome II, Paris, 1897, p. 24-27 et planche hors texte.
- Chanoine Eugène MÜLLER, "Courses archéologiques autour de Compiègne", Bulletin de la Société Historique de Compiègne, t. 11, 1904, p. 264.
- Philippe BONNET-LABORDERIE, La vallée de l'Automne, Groupe d’Etudes des Monuments et Oeuvres d’art de l'Oise et du Beauvaisis (GEMOB), Promenades VII - Tome 1, Bulletin n° 64, 1994, p. 38-39.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Crépy-en-Valois. Les 35 Clochers de la Vallée de l’Automne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et S.E.P. Valois-Développement, 1996, in-8° de 56 p., p. 12-13 (voir texte ci-dessus).