L'église vue du sud-est (2017)

Chambly

Notre-Dame * * * * Afficher la carte

Paroissiale

Diocèse : Beauvais

Classé monument historique en 1862

Coordonnées GPS :
49°9' 59" N 2°14' 45" E
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Chambly, église Notre-Dame

Si elle ne saurait rivaliser, ne serait-ce que par sa taille, avec les six édifices majeurs que l’architecture gothique de l’Oise s’enorgueillit de posséder – cathédrales de Beauvais, Noyon et Senlis, abbatiales ou prieurales de Saint-Germer de Fly, Saint-Martin-aux-Bois et Saint-Leu d’Esserent – Notre-Dame s’inscrit cependant à coup sûr parmi les chefs d’oeuvre de ce style dans le département.

Implantée en plein coeur d’un bourg dont les origines sont fort anciennes et dont l’importance fut réelle au Moyen Age, l’église paroissiale Notre-Dame fut bâtie entre les années 1260 et 1280 grâce à l’action conjuguée du roi Saint-Louis et des seigneurs de Chambly. Long de près d’une cinquantaine de mètres, cet édifice homogène comprend une nef de quatre travées avec bas-côtés, un transept non débordant et un choeur constitué de deux courtes travées droites prolongées par une abside à cinq pans. Deux petites chapelles de plan polygonal flanquent la première travée du choeur. Contemporaine, la tour est bâtie presque hors oeuvre, contre la seconde travée du bas-côté sud. Seule une petite chapelle construite au nord de la nef au 16ème siècle vient perturber le plan primitif.

Construites en premier, les parties orientales – choeur, abside et chapelles – constituent un magnifique exemple de gothique rayonnant, caractérisé par l’extrême raffinement de l’écriture architecturale. L’abside est une véritable cage de verre. Ses cinq fenêtres à trois lancettes surmontées d’autant de roses s’élèvent d’un seul jet jusqu’à la voûte à partir d’un petit soubassement nu. La multiplication des colonnettes dans l’ébrasement des fenêtres (quatre) produit un effet graphique remarquable. Par sa conception et ses effets, cette abside évoque les saintes chapelles contemporaines et, tout particulièrement, la chapelle de la Vierge de Saint-Germer de Fly. Réduites en plan comme en élévation, les chapelles qui flanquent le choeur communiquent avec celui-ci par une arcade dont l’extrême étroitesse étonne, un dispositif qui existait autrefois à Saint-Pierre de Senlis. Largement ouvertes sur le transept, elles sont surmontées par une fenêtre dont le dessin est semblable à celles de l’abside et dont la moitié inférieure est aveugle, la toiture venant s’appuyer à cet endroit. De simples lancettes surmontées d’une rose éclairent ces chapelles.

Objet, comme la nef, d’une seconde campagne rapprochée, le transept est remarquable par les deux roses qui ajourent ses façades et par la voûte à liernes et tiercerons qui couvre la croisée. Renforcé par des ogives intermédiaires – les liernes et les tiercerons – ce type de voûte, né en Angleterre, est apparu à Amiens vers 1250 et sera donc repris peu après à Chambly. La nef se caractérise par la sobriété de son élévation, comportant deux étages seulement – grandes arcades et fenêtres hautes – séparés par un mur vierge de toute décoration. Les arcades retombent sur des piles dont le plan apparaît comme la fusion de la pile cantonnée (un noyau flanqué de demi-colonnes) – vers le bas-côté – et de la pile fasciculée (un faisceau de colonnettes) – vers la nef. Des piles semblables se retrouvent à Agnetz. Les chapiteaux, que ce soit ceux des grandes arcades comme ceux des parties hautes, constituent en fait une frise continue décorée d’une double rangée de feuillage, selon une tendance qui apparaît à cette époque.

A l’extérieur, on admirera surtout l’abside, dont la masse puissante et les immenses fenêtres écrasent les petites chapelles qui l’encadrent. Le clocher, construction assez austère ajourée par deux étages de baies, présente une inclinaison assez marquée en raison de la faiblesse du sol, infiltré par les eaux du Coisnon tout proche.

Le mobilier est avant tout riche des magnifiques panneaux peints (Passion du Christ, Résurrection, Pentecôte et Messe miraculeuse de Saint-Grégoire) provenant d’un retable flamand du 16ème siècle (2002, modifié 2015).

Chronologie :

Points d'intérêt :

Galerie :

L'extérieur de l'église

L'intérieur de l'église

Bibliographie :

  • Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Neuilly-en-Thelle, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins,‎ 1842.
  • Abbé Léopold-Henri MARSAUX, « Panneaux de l’église de Chambly », Mémoires de la Société Académique d’Archéologie, Sciences et Arts du Département de l’Oise, t.13, 1886-1889, p. 411-417.
  • Abbé Léopold-Henri MARSAUX, « Monographie de l’église Notre-Dame de Chambly », Mémoires de la Société Académique d’Archéologie, Sciences et Arts du Département de l’Oise, t.14, 1889-1891, p. 17-30.
  • Abbé Léopold-Henri MARSAUX, « Une description de l’église de Chambly au XVIIIe siècle. Journal de l'Abbé Thierry », Mémoires de la Société Académique d’Archéologie, Sciences et Arts du Département de l’Oise, t.14, 1889-1891, p. 568-581.
  • Chanoine L. PIHAN, Esquisse descriptive des monuments historiques dans l’Oise, Beauvais, 1889, p. 427-436.
  • Abbé Léopold-Henri MARSAUX, "Anciens usages de Chambly", Mémoires de la Société Historique et Archéologique de l'Arrondissement de Pontoise et du Vexin, t. 17, 1895, p. 59-64.
  • Abbé Eugène MÜLLER, "Quelques notes encore sur les cantons de Creil et de Chambly", Comité Archéologique de Senlis, Comptes-rendus et Mémoires, 1897-1898, p. 217-218.
  • Abbé Léopold-Henri MARSAUX, "Les messes miraculeuses de saint Grégoire dans l'Oise", Congrès archéologique de France, 72ème session, Beauvais, 1905, Société française d’archéologie, Paris et Caen, 1906, p. 584-587.
  • Francine MYKITA, Etude architecturale de l’église Notre-Dame de Chambly (Oise), Mémoire de maîtrise de l’Université de Paris IV, 1984.
  • Claudine LAUTIER et Maryse BIDEAULT, Ile-de-France gothique, Paris, 1987, p. 136-144.
  • Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Neuilly-en-Thelle. Pays de Thelle et Clermontois, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Office de Tourisme de Pôle Vexin-Sablons-Thelle, 2002, in 8° de 28 p., p. 10-12 (voir texte ci-dessus).

Sites internet :

  • Gotik Romanik
  • Inventaire général du patrimoine culturel
  • Wikipédia (Pierre Poschadel)

Notes :

  • Chambly : notes de visite du 26/8/1978