Cuvilly et Séchelles (au nord) ont longtemps été le siège d’une seigneurie possédée, notamment, par les familles de Soyécourt, de Corbie, de Poix…, dont plusieurs titulaires occupèrent des charges importantes à l’image d’Arnaud de Corbie, premier président du parlement de Paris à partir de 1384 et chancelier de France à plusieurs reprises.
Bâtie au centre du village, en situation légèrement dominante, l’église Saint-Eloi avait été presque totalement détruite en 1918. Si la nef n’est qu’un rappel approximatif de la précédente, qui était de style gothique flamboyant, il n’en est pas de même du clocher et du choeur, reconstruits avec beaucoup de soin en conservant tout ce qui pouvait l’être. Implanté au nord de la nef, le clocher n’a pas de caractère bien affirmé, mais sa base remonte au 16ème siècle et une petite piscine liturgique conservée dans le mur oriental montre qu’elle était utilisée comme chapelle.
La partie la plus remarquable de l’église est, bien sûr, le choeur, dont la hauteur rivalise avec celle du clocher. Son plan est constitué de deux travées inégales et d’une abside en hémicycle. Une chapelle seigneuriale, dont il reste l’arcade d’entrée, était greffée au sud de la première travée. Celle-ci et le mur sud de la seconde ont, seuls, échappé au désastre de 1918.
Les volumes extérieurs sont d’une grande netteté : les contreforts profonds et étroits montent d’un seul jet jusqu’à la bâtière qui les coiffe et les immenses fenêtres occupent tout l’espace disponible. Nul doute que le choeur de Saint-Martin-aux-Bois n’était pas inconnu de l’architecte qui a bâti celui de Cuvilly. L’intérieur est d’un grand raffinement, notamment par ses niches – avec consoles et dais sculptés – situées à la retombée des voûtes. Au nombre de quatorze (six doubles, dont quatre d’origine, et deux simples), elles abritaient autant de statues.
Le choeur de Saint-Eloi est un bon exemple du mélange des styles gothique flamboyant et renaissance. Au premier, il doit la superbe moulure sculptée de tiges et de feuilles qui court à la base des fenêtres ainsi que le décor des dais ; du second, il revendique le tracé en hémicycle de l’abside et la forme en plein cintre de la plupart des fenêtres. Il faut, peut-être, y voir une commande de Jean de Poix, mort en 1548 et dont la dalle funéraire est encore visible dans l’église. Celle-ci conserve par ailleurs un exceptionnel lutrin des 16ème et 17ème siècles (2008).
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Bibliographie :
- Emile COËT, Notice historique et statistique sur les communes de l’arrondissement de Compiègne, Compiègne, 1883.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Pays de Sources et Vallées. Cantons de Guiscard, Lassigny, Noyon, Ressons-sur-Matz et Ribécourt, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise, Sources et Vallées et Europe, 2008, in-8° de 110 p., p. 35 (voir texte ci-dessus).