Accrochée sur le rebord du plateau qu’entaille profondément la vallée Sainte-Marie, affluente de l’Automne, l’église Saint-Pierre a connu une histoire tourmentée comme l’attestent les nombreuses campagnes de construction ou de réparation dont elle fut l’objet.
Le premier édifice, bâti à la fin du 11ème siècle, comportait une nef unique suivie d’une travée de choeur plus étroite servant d’assise à un clocher à deux étages et terminée par une abside dont le tracé n’est pas connu. Un tel plan, simple et fonctionnel, avait été adopté dans un grand nombre d’églises rurales (Saintines ou Saint-Vaast-de-Longmont, par exemple, pour rester dans la région proche) mais les dispositions d’origine ne se sont presque jamais conservées. De cette église restent la travée de choeur, voûtée en berceau plein cintre, et les deux premiers étages du clocher. Les baies – une sur chaque face au premier étage et deux au second – n’ont pour tout décor qu’une moulure décorée de billettes soulignant l’archivolte.
Vers 1160, la nef est allongée et dotée d’une façade à la réalisation soignée, au centre de laquelle s’ouvre un portail à colonnettes avec chapiteaux à feuilles d’acanthe malheureusement masqué par un porche plus tardif. Le sommet du pignon a conservé sa croix antéfixe. C’est sans doute dès cette époque que l’abside primitive disparaît au profit du chevet plat actuel, ajouré d’une fenêtre encadrée par deux petits oculi.
Peu avant le milieu du 13ème siècle, le mur nord de la nef est percé de trois arcades ouvrant sur une chapelle – au nord-est – et deux travées de bas-côtés, ces derniers remplacés à la fin du 15ème siècle par un nouveau bas-côté, aussi large que la chapelle. Il s’ouvre à l’ouest par un gracieux portail en anse de panier – aujourd’hui condamné – surmonté de trois dais abritant autrefois des statues. C’est également au milieu du 13ème siècle qu’avaient été construit un bas-côté au sud – ruiné, il en reste le mur ouest – et, peut-être, le dernier étage du clocher, dont les baies jumelles en arc brisé et simplement chanfreinées sont assez atypiques.
L’église a gardé un mobilier assez complet – boiseries et grille de choeur, chaire, banc d’oeuvre – des 17ème et 18ème siècles qui lui confère un cachet d’authenticité malheureusement trop rare aujourd’hui (1996, modifié 2016).
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Crépy-en-Valois, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1843.
- Chanoine Eugène MÜLLER, "Courses archéologiques autour de Compiègne", Bulletin de la Société Historique de Compiègne, t. 11, 1904, p. 255-257.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Crépy-en-Valois. Les 35 Clochers de la Vallée de l’Automne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et S.E.P. Valois-Développement, 1996, in-8° de 56 p., p. 23 (voir texte ci-dessus).
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises dans le Nord de la France, Ernst A. Chemnitz/Cap Régions Editions, 2013, p. 63-65.