Bénéficiant pour arrière-plan des magnifiques frondaisons de la forêt de Retz, qui occupe ici une butte allongée en échine protégeant le village vers le nord, l’église Saint-Léger est un édifice homogène de la fin du 13ème siècle ou du début du siècle suivant. A côté des réalisations grandioses ou raffinées dont ce siècle a été si prolixe, elle constitue un intéressant exemple d’église rurale, réalisée avec des moyens modestes mais avec soin et un certain sens de la monumentalité qu’exprime bien l’original clocher.
Elle se compose d’une nef de deux travées, non voûtée, prolongée par un choeur à chevet plat, de même largeur et voûté d’ogives. Une chapelle, au nord du choeur, sert d’assise au clocher. Il en existait une autre, implantée symétriquement au sud et sans doute à usage seigneurial. L’unique bas-côté, au nord de la nef, est une adjonction postérieure.
Au chevet, une fenêtre à double lancette surmontée d’un trilobe inscrit, constitue le seul luxe ornemental de l’édifice, dont toutes les autres fenêtres sont de simples ouvertures en plein cintre, comme le petit portail occidental. Un autre, au midi, adopte au contraire une forme aiguë très accusée.
Le clocher est l’élément le plus intéressant. Au-dessus d’un haut soubassement s’élève un premier étage ajouré sur chaque face de deux longues et étroites baies, moulurées d’un simple tore. Au second étage, les baies, plus courtes, viennent mordre sur les murs pignons qui terminent chaque côté de la tour dont les angles sont par ailleurs dotés de gargouilles. Insolite dans notre région, cette tour appartient à la famille des clochers champenois dont La Chapelle-sur-Crécy et Rampillon, en Seine-et-Marne, ou encore Dormans, dans la Marne, constituent, parmi bien d’autres, quelques exemples représentatifs.
On notera enfin que la chapelle nord a gardé un rare décor peint brun et ocre rehaussant les arcades et les éléments de la voûte, tapissant les murs de faux joints et de branchages, sans doute contemporain de la construction de l’édifice (1996).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Crépy-en-Valois, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1843.
- Chanoine Eugène MÜLLER, "Courses archéologiques autour de Compiègne", Bulletin de la Société Historique de Compiègne, t. 11, 1904, p. 264-265.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Crépy-en-Valois. Les 35 Clochers de la Vallée de l’Automne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et S.E.P. Valois-Développement, 1996, in-8° de 56 p., p. 23-24 (voir texte ci-dessus).
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises en Picardie, Ernst A. Chemnitz/Mitteldeutscher Verlag, 2006, p. 64-65.
- Morgan HINARD, Maxime CHARTIER, Eméville, Un village nouveau en lisière de la forêt de Villers-Cottêrets, Histoire, Archéologie et Territoires N°8, Aquilon, 2022, 144 p.