L’église Notre-Dame de Lihus est, avec Saint-Aubin de Sommereux, le seul édifice entièrement du 13ème siècle conservé dans le nord-ouest de l’Oise et le plan si particulier du choeur ajoute à l’intérêt de cet édifice resté curieusement méconnu jusqu’ici.
Moins soignée que le choeur, comme souvent, la nef est construite en moellons mélangés à du silex, la pierre étant réservée aux contreforts – certains ont été réparés ou refaits en briques – et aux ouvertures. La façade, très bien conservée avec ses contreforts et son mur pignon intacts, est percée d’un petit portail à ressauts aux arêtes simplement moulurées. Au-dessus s’ouvre une fenêtre à deux lancettes que surmonte une rose à six lobes.
Mais c’est, bien sûr, le choeur et sa curieuse silhouette qui retiennent l’attention. A l’extérieur, les sept pans coupés qui le constituent donnent l’impression d’un édifice autonome à plan centré qui aurait été amputé de sa partie occidentale. Il n’en est rien et le raccord avec la nef s’effectue par des murs perpendiculaires à celle-ci et qui sont d’origine. L’ensemble, que domine une flèche en charpente et ardoises beaucoup plus tardive, est très austère. Assis sur un soubassement de grès, les murs sont d’abord en silex puis en pierres bien appareillées. Des contreforts à l’aspect monolithique épaulent les angles. Hautes et de largeurs inégales, les fenêtres sont dénuées de tout décor. Deux sont en plein cintre et l’accent est mis sur la fenêtre axiale, plus large que les autres.
C’est à l’intérieur que ces curieuses dispositions prennent tout leur sens. A l’extrémité de la nef simplement charpentée, une arcade aux dimensions modeste introduit, en effet, à un espace complexe mais obéissant à des règles géométriques très strictes. Entièrement voûté d’ogives, il se développe à partir d’une travée centrale formant croisée et dont l’importance des piles suggère qu’un clocher en pierre s’y élevait peut-être autrefois. A partir de cette croisée, deux croisillons et une travée de choeur auraient constitué un plan des plus classiques s’ils n’avaient été reliés, au nord-est comme au sud-est, par un mur constitué de deux pans qui donnent à l’ensemble l’aspect d’un plan centré avec déambulatoire. Sa rigueur géométrique vaut, par ailleurs, à ces deux espaces ainsi créés à l’angle du transept et du choeur, de posséder chacun une voûte d’ogives très asymétrique, les deux voûtains en contact avec le mur étant beaucoup plus petits que les deux autres. Les retombées des voûtes s’effectuent sur des chapiteaux décorés de crochets et de feuilles polylobées dont la sculpture vigoureuse, d’une qualité remarquable, est caractéristique du milieu du 13ème siècle, ce que confirment les bases aux gorges très marquées.
Par sa très grande qualité comme par son plan « centré », le choeur de Notre-Dame rappelle irrésistiblement l’architecture templière, qui affectionnait volontiers ce type de plan, évocation de l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Les textes concernant Lihus sont muets à ce sujet et le seul édifice templier d’importance dans la région est Sommereux, dont le plan avec transept débordant est d’ailleurs très courant. Lihus était une seigneurie importante au Moyen Age : son titulaire aurait-il ainsi voulu marquer un attachement particulier à cet ordre ou évoquer un voyage en Terre Sainte ? Car il convient de se rappeler à ce propos qu’aucune architecture, surtout de cette qualité, n’est jamais « gratuite » (2007)
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Marseille, arrondissement de Beauvais (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1833.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Picardie verte. Cantons de Formerie, Grandvilliers, Marseille-en-Beauvaisis et Songeons, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes de la Picardie Verte, 2007, in-8° de 82 p., p. 49-50 (voir texte ci-dessus).