L’église Saint-Martin découpe sa silhouette équilibrée sur le rebord du plateau qu’entame la vallée de l’Ourcq, composant avec le canal qui coule à ses pieds un tableau des plus pittoresques.
Bâtie en trois campagnes rapprochées durant la première moitié du 13ème siècle, c’est un édifice homogène dont peu de modifications sont venues altérer par la suite les dispositions primitives, ce qui est exceptionnel. Son plan est très complet et comprend une nef de quatre travées avec bas-côtés, un transept légèrement saillant et un chœur d’une seule travée, à chevet plat, accosté de deux chapelles rectangulaires, tous voûtés d’ogives. L’ensemble, restauré parfois un peu trop sèchement, est construit dans la belle pierre d’appareil qui porte la marque du Soissonnais.
Chœur et transept constituent la première campagne, entreprise vers 1200. Dans les croisillons, curiosité à noter, toutes les arcades, y compris les arcs-doubleaux assurant la communication avec la croisée, retombent sur des pilastres et non des demi-colonnes. C’est une disposition rare en Ile-de-France mais qu’illustrent cependant le transept de Notre-Dame de Paris et quelques édifices inspirés par la cathédrale parisienne. Le décor des chapiteaux est exclusivement constitué de feuilles côtelées terminées en crochets, faiblement saillants pour les sculptures associées aux pilastres, plus vigoureux ailleurs. Le mur de fond du chœur est ajouré d’un triplet de fenêtres que surmonte un oculus. Des arcatures à colonnettes encadrent les fenêtres. A l’extérieur, on sera sensible au bel équilibre des volumes du chevet, jamais modifié depuis l’époque de sa construction mais privé néanmoins du ou des étages du beffroi de son clocher qu’un dôme octogonal cantonné de quatre pyramides et une flèche en charpente remplacent depuis les années 1770.
Objet d’une seconde campagne, la nef doit être attribuée aux années 1230/40. L’élévation se réduit à deux niveaux : grandes arcades au tracé brisé et petites fenêtres hautes, que séparent une importante portion de mur nu. Les travées sont bien marquées par les piles qui projettent fortement sur les murs gouttereaux pour recevoir les formerets, ogives et doubleaux des voûtes. Comme dans les bras du transept, les arcades de la dernière travée comportent des pilastres, indice qui permet peut-être d’attribuer cette travée à une campagne intermédiaire. Les chapiteaux sont d’une sculpture vigoureuse et de grande qualité, associant souvent des crochets bien dessinés aux angles et des feuilles finement découpées ou des fruits d’arum sur les parties intermédiaires de la corbeille.
Les nombreuses clefs de voûte décorées sont de la même veine. Cette sculpture, comme le profil en amande effilée des ogives et des doubleaux, portent bien la marque des années 30 et 40 du 13ème siècle. Dans les trois premières travées, des arcades géminées aveugles, en plein cintre, allègent les murs des bas-côtés. Bâtie durant la période dite rayonnante de l’architecture gothique, la nef de Mareuil reste pourtant étonnamment conservatrice dans sa conception. Elle ne diffère guère, en effet, de celle d’un édifice comme Acy-en-Multien, pourtant antérieure de près de trois-quarts de siècle, ni des premières nefs voûtées d’ogives du Beauvaisis durant la première moitié du 12ème siècle. A ce titre elle appartient pleinement à la famille des églises gothiques rurales du Soissonnais, dont la qualité de construction ne masque cependant pas, pour la plupart, le très grand conservatisme des partis architecturaux mis en oeuvre. Point faible de l’église, la façade a été malheureusement remaniée en 1773 (1997).
Chronologie :
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Betz, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1851.
- G. ANDRAL, "L'église de Mareuil-sur-Ourcq", Congrès archéologique de France, 78ème session, Reims, 1911, Société française d’archéologie, Paris et Caen, Tome II, 1912, p. 186-200.
- Anne PRACHE, Ile-de-France romane, Zodiaque, La nuit des temps 60, 1983, p. 123-125.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Betz. Valois, Multien et Vallée de l’Ourcq, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Pays de Valois, 1997, in-8° de 36 p., p. 21-22 (voir texte ci-dessus).