Détachant la silhouette aiguë de sa flèche en pierre, portée à la hauteur exceptionnelle de 65 mètres, sur les horizons découverts de la plaine du Multien, l’église Sainte-Félicité est un édifice exemplaire de la dernière architecture gothique. Curieusement, sa cinquième travée a gardé au sud-ouest une grosse pile octogonale couronnée d’un chapiteau en forme de frise décorée de crochets faiblement saillants, seul vestige identifiable d’une construction du 13ème siècle totalement reprise en sous-oeuvre dans ce secteur et sans doute associée à un clocher alors central.
Pour le reste, l’église est du 16ème siècle : vers 1510-1520 pour l’essentiel de l’édifice et vers 1540-1550 pour le portail et le clocher. Son vaisseau central, long de six travées, comporte deux niveaux mais le second est aveugle et caractéristique de la structure dite en halle-basilique. La lumière n’est donc reçue que par les fenêtres des bas-côtés. Il se termine par une abside pentagonale éclairée de hautes fenêtres à remplage flamboyant tandis que le clocher est assis sur la première travée du bas-côté sud. Arcades et ogives des voûtes pénètrent directement dans les piles qui les reçoivent sans l’intermédiaire de chapiteaux. A quelques variantes près, les églises de Baron, Ognes et Versigny, pour ne citer que des exemples géographiquement proches, offrent les mêmes dispositions d’ensemble.
Homogène avec la façade percée d’un joli portail double de style Renaissance avec décor de fleurons et de dauphins, le clocher reste une oeuvre pleinement gothique à une époque où les deux styles cohabitent volontiers. La tour proprement dite, puissante et austère avec son seul étage de baies géminées, renforce le caractère gracile de la flèche dont la référence à celle de Senlis est évidente. Des crochets soulignent les arêtes de celle-ci tandis que de hautes et étroites baies, des quadrilobes et des oculi, ajourent ses faces et diminuent la prise au vent. Une balustrade ajourée court à la base, reliée à la flèche par de petits arcs-boutants plus décoratifs que fonctionnels. A l’angle sud-est, la tourelle d’escalier se termine, de même, par une flèche en pierre.
Outre une belle grille de chœur du 18ème siècle, un bénitier, des fonds baptismaux et un décor polychrome dans l’abside, tous de la Renaissance, l’église s’enorgueillit de posséder un exceptionnel et immense retable en bois et stuc de la fin du 16ème siècle représentant le martyr de sainte Félicité et de ses enfants (1995, modifié 2019).
Chronologie :
Points d'intérêt :
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Nanteuil-le-Haudouin, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, s.d. (1829).
- Abbé Eugène MÜLLER, Senlis et ses environs, Senlis, 1894, p. 159-162.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Nanteuil-le-Haudouin. Valois et Multien, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et S.E.P. Valois-Développement, 1996, in-8° de 32 p., p. 21 (voir texte ci-dessus).
- Julie AYCARD, « L’église de Montagny-Sainte-Félicité et sa place dans l’architecture flamboyante de l’ancien diocèse de Senlis », Université Charles de Gaulle- Lille III, 1999-2000.
- Jennifer HARMSWORTH, « Eglise Sainte-Félicité », 2001, in 8° de 20 p.
- Julie AYCARD, "Destruction et reconstruction des églises de l'ancien diocèse de Senlis (1460-1515), Mythe et réalité", La Picardie flamboyante, arts et reconstruction entre 1450 et 1550, Actes du colloque tenu à Amiens, du 21 au 23 novembre 2012 sous la direction d’Atienne Hamon, Dominique Paris-Poulain et Julie Aycard, Rennes, 2015, p. 191-207.
- Mathieu LEJEUNE, Recherches sur les flèches monumentales du XIIIe siècle dans le nord de la France : le cas de la tour sud de la cathédrale de Senlis, Thèse de doctorat en Histoire et Archéologie de Sorbonne Université, 2018, p. 314-316.