Saint-Pierre était à l’origine l’église d’un petit prieuré dépendant de la puissante abbaye Saint-Quentin de Beauvais. La modeste communauté disparut par la suite et la charge paroissiale fut dévolue à un curé qui portait également le titre de prieur. Véritable miraculée de l’Histoire, Saint-Pierre est la seule église romane de la région encore bien conservée avec celle de Saint-Léger-aux-Bois.
Implantée sur le rebord nord de la vallée de l’Aronde, elle est bâtie en pierres de moyen appareil, assisées régulièrement. Son plan comprend simplement une nef unique suivie d’un choeur à chevet plat, légèrement désaxé vers le sud. Un petit clocher contemporain occupe l’angle nord-est de la nef, sur laquelle il mord légèrement. La forte déclivité du terrain a permis – ou nécessité – l’aménagement de deux salles voûtées en berceau plein cintre qui ne doivent pas être confondues avec une crypte.
La façade, dont le pignon et la fenêtre ont été refaits, montre un portail intéressant par le décor réticulé (les pierres carrées sont disposées comme des losanges) de son tympan. Une moulure torsadée reçue sur des cabochons tardifs souligne l’archivolte. Les murs gouttereaux sont percés chacun de trois petites fenêtres en plein cintre à double ébrasement. Au-dessus, la corniche à modillons sculptés de motifs divers, dont des têtes humaines ou animales, est parfaitement conservée. Au sud, un larmier court sous la base des fenêtres et devait correspondre à une toiture en appentis. Contrairement à la nef, qui en est dépourvue, le choeur est épaulé par des contreforts plats justifiés par les voûtes en pierre qui le couvrent intérieurement. Le clocher d’origine n’a subsisté que jusqu’à la hauteur de la corniche de la nef. Un étage de beffroi en charpente et ardoises le couronne depuis une date indéterminée.
A l’intérieur, l’attention se porte sur le choeur et la base du clocher, qui communiquent tous deux avec la nef par une arcade en plein cintre. Long de deux travées, le choeur a conservé ses voûtes d’arêtes en pierre. L’arcade qui assure la communication avec la nef (arc triomphal) et celle qui sépare les deux travées retombent sur des pilastres par l’intermédiaire de tailloirs simplement moulurés, l’un étant toutefois décoré d’une torsade. La base du clocher est également voûtée d’arêtes et son arcade retombe, de même, sur deux tailloirs à décor torsadé.
Par ses différentes caractéristiques – appareillage, fenêtres en plein cintre à double ébrasement, contreforts plats, tympan réticulé, décor des modillons, voûtes d’arêtes, arcades en plein cintre, décor des tailloirs – l’église Saint-Pierre peut être datée assez précisément du premier quart du 12ème siècle, période où s’épanouit l’art roman dans l’Oise, représenté ici d’une manière assez modeste mais très authentique.
Ajoutant à son grand intérêt, Saint-Pierre possède un très bel ensemble de trois autels avec retable, du début du 17ème siècle. D’une composition sobre et équilibrée, celui du choeur a conservé ses statues d’origine. Encore en place, la poutre de gloire, de la même époque, mérite tout autant l’attention (2008).
Chronologie :
Points d'intérêt :
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Bibliographie :
- Emile COËT, Notice historique et statistique sur les communes de l’arrondissement de Compiègne, Compiègne, 1883.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Pays de Sources et Vallées. Cantons de Guiscard, Lassigny, Noyon, Ressons-sur-Matz et Ribécourt, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise, Sources et Vallées et Europe, 2008, in-8° de 110 p., p. 65-66 (voir texte ci-dessus).