Pierrefonds est bien davantage connu pour son spectaculaire château que pour son église paroissiale. Saint-Sulpice est pourtant un édifice remarquable dont la crypte romane, une rareté dans l’Oise, et le clocher renaissance, d’un exceptionnel raffinement, méritent largement l’attention.
L’église a été fondée vers 1060 par Nivelon 1er, seigneur de Pierrefonds, et devint prieuré vers 1085 avec l’installation de moines venant de l’abbaye tourangelle de Marmoutiers. Le site précis de son implantation a pour origine une source, toujours visible dans la crypte. De la première église, qui ne saurait être cependant postérieure à l’extrême fin du 11ème siècle, ne restent que la crypte et les trois arcades introduisant au chœur.
Toute cette partie de l’édifice a malheureusement souffert de la Grande Guerre et de lourdes restaurations, effectuées entre 1926 et 1948, ont été nécessaires. La crypte reste cependant remarquable par son ampleur et la qualité de sa construction. Accessible à l’origine par deux escaliers débouchant à la limite du chœur et de la nef (seul celui du sud est aujourd’hui fonctionnel), elle se compose de trois vaisseaux parallèles voûtés en berceaux plein cintre que terminent des absidioles avec voûte en cul-de-four. Un couloir transversal relie les trois vaisseaux et reçoit des voûtes d’arêtes. A l’ouest, une petite salle relie les deux escaliers et prend le jour sur la crypte proprement dite par une petite ouverture. Deux traces de tombeaux subsistent dans le vaisseau central et celui du sud.
Saint-Sulpice était donc une église aux fonctions multiples : à la fois prieurale et paroissiale, elle a pu servir de lieu d’inhumation à plusieurs seigneurs de Pierrefonds et accueillir des fidèles attirés à la fois par la source et la présence probable de reliques.
En partie haute, le chœur, presque totalement reconstruit au 13ème siècle puis après 1918, reprenait le plan de la crypte, mais rien n’est connu de son élévation primitive si l’on excepte les trois arcades romanes qui le sépare de la nef. Trop restauré, le chœur de la seconde moitié du 13ème siècle n’a guère d’intérêt. Ses trois vaisseaux sont couverts chacun d’une charpente en carène. C’est aussi de cette époque que datent les parties basses du clocher, construit au nord du choeur.
La vaste nef résulte d’une reconstruction totale effectuée au 16ème siècle en style gothique flamboyant. Elle est constituée de deux vaisseaux de largeurs inégales – l’un prolonge le vaisseau central et le bas-côté sud du chœur; l’autre s’aligne sur le bas-côté nord du chœur et la base du clocher – communiquant par cinq grandes arcades. De profil prismatique, elles retombent par pénétration dans des piles circulaires. La lumière pénètre par de grandes fenêtres au réseau flamboyant percées dans les murs périphériques.
L’extérieur de la nef est remarquable par les deux portails qui s’ouvrent à l’ouest et au nord, ce dernier sous une petite rosace. Celui de la façade est encadré par de hauts pinacles avec dais abritant autrefois des statues. Son archivolte est très ouvragée, de même que le tympan vitré, occupé par un riche réseau flamboyant. Plus sobre, le portail du nord est composé d’un arc en anse de panier surmonté d’un arc en accolade. Deux dais l’encadrent et abritent les statues, plus anciennes (fin 14ème siècle), de saint Pierre et saint Paul.
Dernières construites, les parties hautes du clocher – datées de 1552 dans un cartouche sur la face orientale – constituent un petit chef d’œuvre de la Renaissance. Prolongeant les contreforts de la partie inférieure, des pilastres avec niches à coquilles et frontons triangulaires encadrent les baies géminées en plein cintre qui ajourent chaque face. Une corniche sculptée de triglyphes, de rosaces, de têtes d’anges termine la tour proprement dite. Au-dessus, une très originale lanterne ronde percée de seize petites arcades et voûtée d’une coupole se substitue à la traditionnelle flèche en pierre ou en ardoise (2009).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- B. WEIL, « Description des cryptes du département de l’Oise », Mémoires de la Société Académique d’Archéologie, Sciences et Arts du département de l’Oise, t. 1, 1847, p. 184-188.
- Emile COËT, Notice historique et statistique sur les communes de l’arrondissement de Compiègne, Compiègne, 1883.
- Chanoine L. PIHAN, Esquisse descriptive des monuments historiques dans l’Oise, Beauvais, 1889, p. 363-371.
- Chanoine Eugène MÜLLER, "Courses archéologiques autour de Compiègne", Bulletin de la Société Historique de Compiègne, t. 11, 1904, p. 258-259.
- Abbé Ed. DANGU, « Etudes sur Pierrefonds », Bulletin de la Société Historique de Compiègne, t. 15, 1913, p. 153-282.
- Danielle JOHNSON, Architectural Sculpture in the Region of the Aisne/Oise Valleys during the Late 11th/Early 12th Century, Thèse de Doctorat de l’Université de Leiden (dactylographiée), 1984.
- Dany SANDRON « L’église Saint-Sulpice de Pierrefonds à l’époque romane », L’art roman dans l’Oise et ses environs, Actes du colloque organisé à Beauvais par le GEMOB les 7 et 8 octobre 1995 (1997), p. 57-65.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton d’Attichy. Vallée de l’Aisne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Canton d’Attichy, 2009, in 8° de 36 p., p. 23-25 (voir texte ci-dessus).
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises dans le Nord de la France, Ernst A. Chemnitz/Cap Régions Editions, 2013, p. 21-23.
Sites internet :
Documents :
- Extrait de Alphonse de CAYEUX, Charles NODIER et Justin TAYLOR, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Picardie, vol. 3, Paris, 1845.
- Extrait de Alphonse de CAYEUX, Charles NODIER et Justin TAYLOR, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Picardie, vol. 3, Paris, 1845.