Notre-Dame dresse sa haute silhouette insolite et tronquée au-dessus des horizons dégagés du Pays de Thelle et sa façade de style jésuite paraît presque incongrue dans un tel environnement. On s’en étonnera moins en sachant qu’elle était l’église d’une abbaye de l’ordre des Prémontrés, un ordre qui partageait avec celui des Cisterciens une tendance marquée à l’austérité. Les débuts de l’abbaye remontent au 12ème siècle – en pleine période d’expansion des ordres monastiques – et ont pour origine la concession de terrains faite par les seigneurs d’Aumont. Les premiers religieux seront envoyés, comme cela se pratiquait à l’époque, par une abbaye mère, en l’occurrence celle de Saint-Jean d’Amiens. De nombreuses dotations viendront enrichir le patrimoine de l’abbaye jusqu’au 14ème siècle. Comme partout, la Guerre de Cent ans, la mise en commende sous François 1er (abbés ne résidant pas dans l’abbaye mais touchant une grande partie de ses revenus), les guerre de la Ligue entraîneront son lent déclin, ponctué par l’ouragan du 15 janvier 1703, qui détruira l’église médiévale.
Rien n’est connu de celle-ci et l’église actuelle, limitée à une nef de trois travées, résulte d’une reconstruction entreprise de fonds en combles à partir de 1704. L’intérieur surprend par son caractère monumental et le très grand soin apporté à sa réalisation. Les trois voûtes d’arêtes, d’une stéréotomie parfaite, sont séparées visuellement par des bandeaux sculptés, en très faible relief, de losanges qui retombent sur des pilastres, tout aussi peu saillants, par l’intermédiaire de chapiteaux corinthiens taillés d’une main très sûre.
Des liernes en forme de bandeaux à peine marqués soulignent les lignes de faîte de chaque voûte et convergent vers une clef décorée d’une rosace ou, pour la travée médiane, d’un blason. Un autre bandeau joliment sculpté de rinceaux et associé à une plate bande simplement moulurée court à hauteur de l’appui des fenêtres et divise l’élévation de cette nef en deux parties à peu près égales. Deux arcades bouchées de part et d’autre de la dernière travée devaient aboutir à des chapelles aujourd’hui disparues.
A l’extérieur, l’attention se porte bien évidemment sur la façade, parfaite expression du style jésuite. Formant comme un mur écran, elle superpose deux étages que divise une corniche fortement saillante. Beaucoup plus ouvragé, l’étage supérieur est encadré par deux arcs en accolade et rythmé par quatre pilastres que couronnent des chapiteaux ioniques. Une niche à cul de four occupe la partie centrale et un fronton courbe couronne le tout. L’élévation latérale, d’une extrême simplicité, alterne grandes fenêtres en plein cintre et contreforts saillants. A l’est, des pierres d’attente et des départs de voûte d’arêtes attestent que la construction devait, bien sûr, s’étendre au-delà sans qu’il soit possible de préciser si l’église a été achevée ou non. Au nord-ouest, dans une propriété particulière, quelques éléments du cloître – également du 17ème siècle – se sont conservés (2004).
Chronologie :
Galerie :
Bibliographie :
- Chanoine A. PIHAN, « Tombeaux de Ressons-l’Abbaye en 1674 », Mémoires de la Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts du Département de l’Oise, t.21, 1910-1911, p. 274-293.
- Bernard DUHAMEL, Guide des églises du Vexin français, Paris, 1988, p. 271-272.
- L’église Saint-Norbert de Ressons-l’Abbaye, Analyse historique – Bibliographie, Architecture et Patrimoine, Communauté de Communes des Sablons, 2004, 57 p.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Territoire des Sablons (Méru). Vexin et Pays de Thelle, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes des Sablons, 2004, in-8° de 32 p., p. 26-27 (voir texte ci-dessus).
Documents :
- Guillaume TROUVE, Essai de restitution de l’abbatiale XVIe avant l’effondrement de 1703 et essai de superposition des volumes de l’abbatiale du XVIe et de 1715, extrait de L’église Saint-Norbert de Ressons-l’Abbaye, Analyse historique – Bibliographie, Architecture et Patrimoine, Communauté de Communes des Sablons, 2004, h.t.
- Ressons-l’Abbaye : plan axonométrique de l’abbaye en 1791.