De fondation très ancienne, le prieuré Saint-Pierre dépendait autrefois de l’abbaye Saint-Médard de Soissons. Vendu à la suite de la Révolution, son église a connu bien des vicissitudes – elle est toujours utilisée comme remise agricole – et apparaît aujourd’hui comme bien dégradée. Elle n’en reste pas moins d’un grand intérêt.
La simplicité de son plan – une nef unique suivie d’un chœur formé d’une travée droite et d’une abside en hémicycle – est trompeuse car l’édifice revendique plusieurs époques de construction. La partie la plus ancienne est la nef, dont la façade a conservé une remarquable fenêtre en plein cintre dont les piédroits sont garnis de deux colonnettes décorées de torsades et de zigzags. Elles sont surmontées de chapiteaux à décor géométrique. Attichy et Bitry montrent des fenêtres semblables qui, toutes, datent de la fin 11ème ou début du 12ème siècle.
Le portail est totalement dégradé et de gros contreforts sont venus renforcer, au fil du temps, la construction. Trois des quatre contreforts d’origine, peu saillants, sont conservés, de même que les simples fenêtres en plein cintre qui ajouraient les murs nord et sud. Une belle charpente en carène, sans doute du 15ème siècle, couvre cette nef.
Le chœur est d’un demi-siècle postérieur à la nef. Très dégradée, sa travée droite est néanmoins intéressante car elle conserve, du côté de l’abside, l’amorce d’une ogive. Le profil de celles-ci – trois tores dont celui du centre est plus gros et saillant – se retrouve aux parties les plus anciennes de l’abbatiale d’Ourscamp et dans plusieurs églises du Soissonnais, toutes du milieu du 12ème siècle. Ces ogives se raccordent assez mal avec les chapiteaux qui les reçoivent et dont le style paraît plus ancien, une remarque qui incite à penser que la voûte d’ogives a été montée après coup, lors de la reconstruction de l’abside.
Privée de sa voûte – initialement un cul-de-four – celle-ci est remarquable à l’extérieur. Un important larmier surmonté d’une riche moulure qui contourne les puissants contreforts sert d’appui aux trois fenêtres en plein cintre. Celle du centre est flanquée d’une paire de colonnettes, comme en façade. L’ensemble est couronné par une corniche beauvaisine intacte, magnifique exemple d’un type d’ornement principalement répandu, comme son nom l’indique, en Beauvaisis au 12ème siècle (2009).
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Bibliographie :
- Chanoine Eugène MÜLLER, "Courses archéologiques autour de Compiègne", Bulletin de la Société Historique de Compiègne, t. 11, 1904, p. 266-268.
- Danielle JOHNSON, Architectural Sculpture in the Region of the Aisne/Oise Valleys during the Late 11th/Early 12th Century, Thèse de Doctorat de l’Université de Leiden (dactylographiée), 1984.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton d’Attichy. Vallée de l’Aisne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Canton d’Attichy, 2009, in 8° de 36 p., p. 28 (voir texte ci-dessus).