Agréablement campée sur le versant sud de la vallée de l’Oise, l’église Saint-Gervais et Saint-Protais est l’un des édifices romans les plus anciens et les plus attachants de l’Oise. Son plan, très simple, comprend une nef basilicale de quatre travées terminée par un chœur en hémicycle. Le clocher s’élève au-dessus de la dernière travée du bas-côté nord et une chapelle construite au milieu du 12ème siècle prolongeait autrefois ce même bas-côté. Il n’en reste que les substructions.
Remarquablement restaurée, la nef est un bon exemple de nef basilicale du milieu du 11ème siècle. Son austère simplicité est frappante : chacun des murs gouttereaux est percé de quatre arcades en plein cintre à angles vifs et sans ressauts, et aucune demi-colonne, aucun pilastre ne viennent affirmer la division en travées d’une paroi qui, dans la continuité des traditions préromanes, reste inarticulée. Les arcades retombent sur des piles rectangulaires par l’intermédiaire d’impostes décorées de triangles davantage gravés que sculptés.
Fruit, comme l’abside, d’une seconde campagne de construction effectuée dans le dernier quart du 11ème siècle, et selon une esthétique cette fois pleinement romane, le clocher est d’une rare élégance. Au-dessus d’un soubassement ajouré d’une baie sur chaque face – excepté au sud – s’élèvent deux étages de baies géminées soulignées par un cordon de billettes. Une courte pyramide en pierre termine l’ensemble.
Par ses caractéristiques, ce clocher est très proche de ceux, contemporains, de Pontpoint, Noël-Saint-Martin et Morienval. Un second clocher, jamais réalisé, devait s’élever symétriquement au sud suivant une tradition alors bien ancrée dans la région (Saint-Corneille de Compiègne, Saint-Arnould de Crépy-en-Valois, Notre-Dame de Nanteuil-le-Haudouin, aujourd’hui détruites) et dont Morienval constitue maintenant l’exemple le plus significatif.
Une voûte d’ogives qui compte parmi les plus anciennes conservées (années 1120) couvre la dernière travée de ce bas-côté sud, transformée en chapelle après l’abandon du projet du second clocher. On remarquera enfin, en façade, un petit portail à gâble, l’un des premiers de ce type (1994).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Pont-Sainte-Maxence, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1834.
- Abbé MOREL, "Le dénombrement de la terre de Rhuis et Saint-Germain-lès-Verberie (Oise), vers 1390", Comité Archéologique de Senlis. Comptes-Rendus et Mémoires, 1882-83, p. 139-209.
- Abbé Eugène MÜLLER, Senlis et ses environs, Senlis, 1894, p. 248-249.
- Eugène LEFEVRE-PONTALIS, L’Architecture religieuse dans l’ancien diocèse de Soissons au XIème siècle et au XIIème siècle, Paris, 1894-1896, t. I, p. 220-223 et planches hors texte.
- François DESHOULIERES, « Les églises de Rhuis et de Saint-Vaast-de-Longmont », Bulletin monumental, t. 98, 1939, p. 215-222.
- Jean-Pierre PAQUET, « Les tracés directeurs des plans de quelques édifices du domaine royal au Moyen-Age », Les Monuments Historiques de la France, n° 2, 1963, p. 59-84.
- Dominique VERMAND, « L’église de Rhuis, sa place dans l’architecture religieuse du bassin de l’Oise au XIème siècle », Revue archéologique de l’Oise, n° 11, 1978, p. 41-62.
- Anne PRACHE, Compte-rendu de l'article de Dominique Vermand : « L’église de Rhuis, sa place dans l’architecture religieuse du bassin de l’Oise au XIème siècle », Bulletin Monumental, 1979-3, p. 252-253.
- Anne PRACHE, Ile-de-France romane, Zodiaque, La nuit des temps 60, 1983, p. 93-118.
- Danielle JOHNSON, Architectural Sculpture in the Region of the Aisne/Oise Valleys during the Late 11th/Early 12th Century, Thèse de Doctorat de l’Université de Leiden (dactylographiée), 1984.
- Dominique VERMAND, Rhuis, église Saint-Gervais-Saint-Protais, Monuments de l’Oise, 2, 1992, in 8° de 16 p.
- Philippe BONNET-LABORDERIE, La vallée de l'Automne, Groupe d’Etudes des Monuments et Oeuvres d’art de l'Oise et du Beauvaisis (GEMOB), Promenades VII - Tome 1, Bulletin n° 64, 1994, p. 3-5.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Pont-Sainte-Maxence. Valois et Vallée de l’Oise, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et O.T.S.I. de Verneuil-en-Halatte, 1994, in-8° de 32 p., p. 16-17 (voir texte ci-dessus).
- Raymond POUSSARD, Autour d'une forêt royale : Halatte, Groupe d’Etude des Monuments et Oeuvres d’art de l’Oise et du Beauvaisis (GEMOB), Bulletin n° 92-94, La forêt d'Halante (T.II), Autour de la forêt, 1999, p. 35.
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises dans le Nord de la France, Ernst A. Chemnitz/Cap Régions Editions, 2013, p. 80-82.
Sites internet :
Documents :
- Extrait de Eugène LEFEVRE-PONTALIS, L’Architecture religieuse dans l’ancien diocèse de Soissons au XIe et au XIIe siècle, tome I, Pl XII, Paris, 1897 (dessins de Léon Guellier).
- Extrait de Eugène LEFEVRE-PONTALIS, L’Architecture religieuse dans l’ancien diocèse de Soissons au XIe et au XIIe siècle, tome I, Pl XIII, Paris, 1897 (dessins de Léon Guellier).
- Essai de reconstitution de l’église au 11ème siècle et au début du 12ème siècle par Dominique VERMAND.