C’est son clocher qui attire d’abord l’attention sur l’église Notre-Dame et Saint-Rieul, dominant de sa riche silhouette la plaine du Valois, au cœur d’un village que la tradition associe au souvenir de saint Rieul, l’apôtre du Valois, premier évêque de Senlis.
La nef unique et le premier étage du clocher, en grande partie masqué par les toitures de l’église, appartiennent au premier quart du 12ème siècle. Quelque temps après, l’église fut embellie par la surélévation du clocher (vers 1140) et par la construction d’un portail à gâble aux archivoltes décorées de bâtons brisés (vers 1160).
De plan rectangulaire, le deuxième étage du clocher est remarquable par le décor de ses baies : bâtons brisés, comme au portail, et chapiteaux à feuilles d’acanthe d’une grande qualité de sculpture, sans doute œuvre de l’atelier qui travaillait à la même époque au chœur de l’église toute proche de Noël-Saint-Martin.
Vers 1240, on entreprit de doter l’église d’un transept, absent jusque là, et d’un nouveau chœur à chevet plat. L’architecte inconnu qui réalisa ces travaux opéra avec une grande habileté, réussissant à intégrer parfaitement les anciennes constructions aux nouvelles : la base du clocher fut reprise en sous-œuvre afin d’en agrandir les arcades tandis que deux autres, lancées de biais, vinrent remplacer les angles nord-est et sud-est de la nef, ouvrant ainsi largement la perspective tant sur le chœur que sur le transept, tout en contrebutant efficacement le clocher vers l’ouest. C’est une disposition que l’on retrouvera plus tard, et pour les mêmes raisons, à Marissel. Tout près de là, Saint-Georges de Bray s’en inspire également.
Toute cette partie est éclairée par des fenêtres dont le réseau à doubles lancettes surmontées d’une rose est caractéristique du gothique rayonnant. Différente, la fenêtre du chevet associe un trilobe à trois lancettes, comme à Saint-Christophe-en-Halatte et au bras nord du transept de la cathédrale de Senlis. La flèche en pierre, relativement courte et curieusement cantonnée de petites tourelles coiffées d’un toit en poivrière, doit être attribuée à cette importante campagne de travaux.
Bâtie en 1638 à la base du chevet, la sacristie est remarquable par sa couverture en pierres soigneusement appareillées en forme de demi dôme. Le chœur a gardé par ailleurs un bel ensemble de boiseries du 17ème siècle (1994, modifié 2016).
Chronologie :
Points d'intérêt :
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Pont-Sainte-Maxence, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1834.
- Chanoine L. PIHAN, Esquisse descriptive des monuments historiques dans l’Oise, Beauvais, 1889, p. 539-542.
- Abbé Eugène MÜLLER, Senlis et ses environs, Senlis, 1894, p. 193-199.
- Jean VERGNET-RUIZ, « L’église paroissiale de Rully (Oise) », Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et Mémoires, 1973-1974, p. 3-9.
- Dominique VERMAND, « Les transformations gothiques de l’église de Rully », Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et Mémoires, 1979-1980, p. 2-10.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Pont-Sainte-Maxence. Valois et Vallée de l’Oise, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et O.T.S.I. de Verneuil-en-Halatte, 1994, in-8° de 32 p., p. 19-20 (voir texte ci-dessus).
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises en Picardie, Ernst A. Chemnitz/Mitteldeutscher Verlag, 2006, p. 20-21.