Accrochée sur le flanc sud de la butte dite « molière » de Serans et dominant le village de son imposante silhouette, Saint-Denis vaut essentiellement pour sa haute nef, une des réalisations majeures du gothique flamboyant dans le Vexin français. Un beau bâtiment du 16ème siècle accolé au croisillon sud rappelle que l’église avait autrefois le statut de prieuré-cure dépendant de l’abbaye de Saint-Denis, dont les possessions étaient nombreuses dans le Vexin.
Si la nef est une construction parfaitement homogène, il n’en est pas de même des parties orientales, à l’histoire fort complexe. Comme souvent, une église existait à la fin du 11ème siècle dont témoignent seuls aujourd’hui une partie du croisillon nord et le clocher. Masqué vers l’ouest par la nef, aussi haute que lui, il laisse voir sur chacun des autres côtés deux baies en plein cintre dont l’archivolte est soulignée de billettes et les piédroits de colonnettes. Une corniche à modillons et une bâtière plus tardive le couronne. Très remanié, le croisillon nord a gardé une porte romane ouverte en partie haute, qui devait assurer une communication entre l’église et un bâtiment, aujourd’hui disparu, du prieuré.
Cette église romane sera doté d’un nouveau chœur dans les années 1140, comme l’atteste une voûte d’ogives très remaniée. Dans le premier quart du 13ème siècle, le croisillon sud est prolongé vers l’est d’une travée pour le transformer en chapelle tandis que le chœur s’accroît également d’une travée supplémentaire. S’il n’y a guère à dire de cette dernière, trop restaurée, la chapelle sud est un exemple classique – chapiteaux à crochets, ogives profilées d’une arête entre deux tores, fenêtre à double lancette surmontée d’un oculus – de l’architecture de cette période. C’est, semble-t-il, peu avant la reconstruction de la nef que le croisillon nord est transformé, de la même manière, en chapelle tandis que la base du clocher roman est totalement reprise afin d’assurer une meilleure visibilité vers le chœur.
Bâtie dans les années 1530 en style gothique flamboyant, la nef surprend par l’élévation de son vaisseau central, étonnamment haut et étroit. Les voûtes de ses quatre travées ne comportent que des liernes et des tiercerons, dessinant ainsi des étoiles. L’élévation est marquée par une importante zone murale entre les grandes arcades, qui ouvrent largement vers les bas-côtés, et le court étage des fenêtres hautes, bien individualisé par une moulure qui sert d’appui aux fenêtres, ici de simples lancettes contrairement à celles des bas-côté qui, plus grandes, ont un réseau flamboyant. Selon un parti très original, deux niches accolées garnissent la paroi au droit des piles. Au nombre de douze, elles abritaient certainement des statues des apôtres et les dais qui les couronnent, de style Renaissance, sont exceptionnels pour le raffinement de leur décor sculpté.
La façade est un magnifique morceau de virtuosité où le foisonnement du décor ne masque pas, pour autant, une composition rigoureuse, bien articulée par les contreforts et les deux balustrades. Selon une formule alors classique, le portail aux voussures richement sculptées de feuillages et d’anges musiciens est couronné d’un gâble très pointu qui mord largement sur l’étage supérieur, dont il masque en partie une grande fenêtre au réseau flamboyant. L’équilibre des murs gouttereaux de la nef est assuré par des petits arcs-boutants en quatre de cercle reçus sur de puissantes culées (2003).
Chronologie :
Points d'intérêt :
Galerie :
Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Chaumont, Oise, Beauvais, Achille Desjardins, 1827.
- Jean-Baptiste FRION, Nouveau précis statistique sur le canton de Chaumont, Beauvais, Achille Desjardins, 1859.
- Bernard DUHAMEL, Guide des églises du Vexin français, Paris, 1988, p. 290-292.
- Claudine Lautier et Maryse Bideault, Ile-de-France Gothique, Paris, 1987, p. 373-378.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Chaumont-en-Vexin. Vexin et Pays de Thelle, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Communauté de Communes du Vexin-Thelle, 2003, in-8° de 56 p., p. 47-48 (voir texte ci-dessus).