La chapelle de la chantrerie de Tillard forme avec les maisons à pans de bois du village et le petit ru de Sillet tout proche un ensemble particulièrement attachant. Rarissime exemple d’architecture religieuse du début du 14ème siècle dans l’Oise, elle doit sa création à Jean le Comte, chanoine de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, qui obtint en 1338 l’autorisation de bâtir une église paroissiale desservie par des religieux en provenance de l’abbaye des Prémontrés de Saint-Just-en-Chaussée. Le contrat de fondation est de 1343 et la construction a dû intervenir aussitôt.
La chapelle Saint-Blaise se présente comme un volume unique comprenant une nef de quatre travées et une abside à trois pans. L’édifice n’ayant jamais reçu de voûtes en pierre, les travées ne sont marquées que par le percement des fenêtres, qui prennent appui sur un soubassement nu que couronne un larmier faisant le tour de l’édifice. A la hauteur de la seconde travée, un décrochement correspond à une petite porte ouverte de chaque côté. Le réseau des fenêtres est constitué de deux lancettes trilobées surmontées d’une rose à cinq lobes dans la nef et à quatre lobes dans l’abside.
Contemporaine de la construction, la charpente en carène est surtout remarquable par les seize blochets, véritable galerie de personnages pittoresques à la polychromie encore bien conservée.
A l’extérieur, l’accent a été mis sur la façade, percée d’une grande rose aujourd’hui bouchée mais dont le réseau à huit pétales se laisse encore deviner. Le portail est un délicat morceau d’architecture. Ses piédroits sont moulurés de fines colonnettes et un arc trilobé orne le tympan. Les vantaux sont conservés. Des pinacles, au sommet des contreforts, et des crochets, sur les rampants du pignon, complétaient une composition qui, malgré la modestie de la taille de la construction, est bien représentative du style gothique rayonnant. La tourelle d’escalier et le clocheton en ardoise ont été ajoutés au 18ème siècle.
Les roses des fenêtres ont gardé de très beaux vitraux contemporains de la construction et illustrant des scènes de la Genèse. Parmi l’abondant mobilier, on remarquera deux statues en pierre (14ème siècle) de Philippe VI de Valois et Blanche d’Evreux (ou Jeanne de Bourgogne ?) et un devant d’autel en pierre, également du 14ème siècle, représentant, dans un travail d’une exceptionnelle qualité, six apôtres inscrits dans des arcatures trilobées (1998).
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Bibliographie :
- Dr. René PARMENTIER, « La Chantrerie de Tillart et son église », Mémoires de la Société Académique d’Archéologie, Sciences et Arts du Département de l’Oise, t. 23, 1921-1922, p. 123-154.
- Dr. René PARMENTIER, « Le transfert du marché de Tillart à Boncourt au XVIIIe siècle », Mémoires de la Société Académique d’Archéologie, Sciences et Arts du Département de l’Oise, t. 23, 1921-1922, p. 155-168.
- Philippe BONNET-LABORDERIE, « La chantrerie de Tillart », Groupe d’Etude des Monuments et Oeuvres d’art du Beauvaisis (GEMOB), Bulletin n° 11, 1981, p. 49-56.
- Catherine MOLLIARD, Les vitraux du second quart du XIVe s. de l’église de Tillard, Mémoire de maîtrise de l’Université de Paris IV, 1982.
- Claudine LAUTIER et Maryse BIDEAULT, Ile-de-France gothique, Paris, 1987, p. 379-382.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Noailles. Pays de Bray, Pays de Thelle et Vallée du Thérain, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Office de Tourisme de Pôle Vexin-Sablons-Thelle, 1999, in 8° de 32 p., p. 24-25 (voir texte ci-dessus).