En plein choeur du Valois, Notre-Dame apparaît comme un bel édifice – son choeur gothique est d’une très grande qualité – dont la chronologie complexe passionnera l’archéologue…… et suscitera des hypothèses le plus souvent contradictoires !
La nef, fortement remaniée par la suite, remonte au premier quart du 12ème siècle. Elle ne comportait pas alors de bas-côtés comme l’attestent les contreforts encore visibles en retour de la partie centrale de la façade, noyés ensuite dans les maçonneries des bas-côtés. Deux fenêtres, condamnées au 13ème siècle par le voûtement de la nef, éclairaient chacun des murs gouttereaux. En façade s’est conservé un spectaculaire portail à quatre voussures décorées de bâtons brisés formant comme des grosses pointes de diamant, qui est identique à celui de Saint-Vaast-de-Longmont. Un petit porche le protège depuis la fin du 13ème siècle.
Durant le dernier quart du 12ème siècle, un croisillon fut ajouté au nord de la travée qui porte le clocher actuel. Il en reste une partie des murs ouest et nord (petite fenêtre et arcatures en plein cintre). Peu après, un second croisillon était bâti au sud (arcatures en arc brisé), qui sera également remanié par la suite.
C’est au milieu du 13ème siècle que l’église fut dotée d’un nouveau choeur qui, malgré ses dimensions modestes, est une oeuvre architecturale élégante et raffinée, bien représentative de la période dite “rayonnante” qui caractérise le gothique à partir des années 1230. Constitué d’une travée droite et d’une abside à cinq pans, il est largement ajouré de fenêtres composées de deux lancettes surmontées d’une rose à six lobes, qui prennent appui sur un soubassement animé d’arcatures aveugles en arc brisé. Par sa conception et la qualité de son exécution, ce choeur s’inscrit donc dans le courant architectural le plus novateur qui accompagne le règne de saint Louis.
A partir du dernier quart du 13ème siècle se fit sentir le besoin de mettre au diapason du choeur récemment construit les autres parties de l’église. Si les deux croisillons furent partiellement refaits et dotés de fenêtres à réseau rayonnant, c’est cependant la nef qui bénéficia de l’intervention la plus spectaculaire avec l’adjonction de bas-côtés et un voûtement général.
Les murs gouttereaux de la nef unique du 12ème siècle furent ainsi percés de trois arcades brisées pour assurer la communication avec les collatéraux, puis surhaussés de plus de deux mètres pour permettre la greffe de trois voûtes d’ogives. Les retombées de celles-ci s’effectuent selon un parti très original, le faisceau de colonnettes recevant la voûte étant interrompu à mi-hauteur par un ensemble de trois petits panneaux surmontés d’arcatures trilobées, réservés dans la pierre et sans doute peints à l’origine des figures des apôtres comme leur nombre total – douze – pourrait le suggérer.
Le clocher, rebâti en 1789 en même temps que sa base était reprise en sous-oeuvre, est le point faible de cet ensemble de qualité. On notera une jolie piscine dans le bras sud du transept et un gisant abrité dans un enfeu dans le bas-côté nord (1996).
Chronologie :
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Bibliographie :
- Louis GRAVES, Précis statistique sur le canton de Crépy-en-Valois, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, 1843.
- Abbé Eugène MÜLLER, Senlis et ses environs, Senlis, 1894, p. 189-192.
- Gustave MACON, "Les Fiefs de Chavercy", Comité Archéologique de Senlis, Comptes-Rendus et Mémoires,1917-1918, p. 162-231.
- Pierre-Jean TROMBETTA, « L’architecture religieuse dans l’ancien Diocèse de Senlis (1260-1400) », Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et mémoires 1971-1972, p. 48-52.
- Claudine LAUTIER et Maryse BIDEAULT, Ile-de-France gothique, Paris, 1987, p. 383-388.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Crépy-en-Valois. Les 35 Clochers de la Vallée de l’Automne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et S.E.P. Valois-Développement, 1996, in-8° de 56 p., p. 43-45 (voir texte ci-dessus).
- Jacques TEALDI, « Cinq églises du Valois, étude archéologique », Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis, Comptes-rendus et Mémoires, 1995-1997, p. 207-213.
- Erika RINK et Nikolaus BRADE, Kirchenschicksale in Nordfrankreich/Destins d'églises dans le Nord de la France, Ernst A. Chemnitz/Cap Régions Editions, 2013, p. 68-69.