L’ancienne abbaye Saint-Arnoult occupe un site magnifique sur le versant boisé d’un lambeau ouest du plateau du Clermontois. Ses origines sont obscures. Une tradition élaborée tardivement pour encourager un pèlerinage à une fontaine “miraculeuse” située à proximité situe ici l’assassinat d’un ermite dénommé Arnoult et promu martyr pour la circonstance. En réalité, l’Histoire nous apprend qu’une petite communauté rattachée à l’abbaye cistercienne de Froimont y était déjà implantée en 1155 et constituait, sous le nom de Parfondeval, une grange monastique, c’est-à-dire une exploitation agricole fonctionnant au bénéfice de l’abbaye mère. La prospérité de ce petit établissement ne dura que jusqu’à la Guerre de Cent Ans. Ses terres seront alors mises en fermage et il tombera finalement dans le domaine laïque en 1587.
Restaurés avec intelligence et sensibilité à l’image de l’ensemble de la propriété, qui conserve en outre un très beau bâtiment du 13ème siècle, les restes de l’église permettent de reconstituer un édifice comprenant à l’origine (vers 1120/30) une nef unique de trois travées, un transept nettement débordant avec une chapelle en hémicycle s’ouvrant sur chacun des croisillons et un choeur composé d’une travée droite et d’une abside à cinq pans. Le choeur est la seule partie réellement bien conservée.
La présence de colonnettes engagées dans les murs latéraux (deux colonnettes encadrant une demi-colonne à l’entrée de la travée droite et une double colonnette à l’entrée de l’abside) permet de s’interroger sur l’existence de voûtes d’ogives à la croisée du transept et sur la travée droite du choeur. Dans l’affirmative, Saint-Arnoult aurait donc constitué un exemple assez précoce d’un type de voûtement – à l’origine du gothique – dont le Beauvaisis s’est montré le plus ardent propagateur.
Avec ses hautes fenêtres en plein cintre bien appareillées – les piédroits de celle du centre sont adoucis par une colonnette -, l’abside produit un très bel effet monumental. Son plan à pans coupés n’est pas fréquent à l’époque. L’absence de colonnettes écarte l’hypothèse d’une voûte d’ogives et il faut plutôt imaginer à l’origine une voûte d’arêtes. Le croisillon sud a été partiellement restitué avec sa chapelle en hémicycle. Il conserve la pierre tombale de saint Arnoult (14ème siècle), plus vraisemblablement celle d’un abbé de Froimont reconvertie au nom du “saint martyr” vers le 16ème siècle (1998, modifié 2017).
Chronologie :
Points d'intérêt :
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Bibliographie :
- Eugène WOILLEZ, Archéologie des monuments religieux de l'ancien Beauvaisis pendant la métamorphose romane, Paris, 1839-1849, appendice p. 2.
- Abbé BARRAUD, « Pierre tombale de saint Arnoult, Martyr et Ermite », Mémoires de la Société Académique d’Archéologie, Sciences et Arts du Département de l’Oise , t. 3, 1856-1858, p. 87-92.
- Comte D’ELBEE, « Notice Historique et Archéologique sur Saint-Arnoult ou Parfondeval », Mémoires de la Société Académique d’Archéologie, Sciences et Arts du Département de l’Oise, t. 18, 1901-1903, p. 355-369.
- Robert DEFRANCE, La grange de Parfondeval, in 4° de 58 p., dactylographié, s.d.
- Dominique VERMAND, Eglises de l’Oise. Canton de Noailles. Pays de Bray, Pays de Thelle et Vallée du Thérain, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et Office de Tourisme de Pôle Vexin-Sablons-Thelle, 1999, in 8° de 32 p., p. 30-31 (voir texte ci-dessus).